top of page

3-Du Salut

I-3. Du seul Salut en Jésus-Christ

​

{5} 1. Parce que tous les hommes sont pécheurs et offensent Dieu, enfreignant Sa Loi et Ses Commandements, aucun homme, par ses propres actions, ses œuvres et ses actes, si bons semblent-ils, ne peut être justifié ni être rendu juste devant Dieu ; mais tout homme, par nécessité, est contraint de rechercher une autre justice et justification, qui doit être reçue des mains de Dieu, c'est à dire la rémission, le pardon et l'oubli de ses péchés et transgressions dans les domaines où il a péché. Et cette justification ou perfection que nous recevons ainsi de la miséricorde de Dieu et des mérites de Christ, par la foi, est prise, acceptée et permise par Dieu pour notre pleine et parfaite justification.

​

En vue d'une pleine compréhension de cela, c'est notre rôle et notre devoir de toujours nous souvenir de la grande miséricorde de Dieu; comment le monde entier est prisonnier du péché pour avoir enfreint la Loi, Dieu a envoyé Son Fils unique engendré, notre Sauveur Jésus-Christ, dans ce monde pour accomplir la Loi pour nous, et en versant Son très précieux Sang, pour faire un sacrifice acceptable par Son Père pour nos péchés, pour apaiser Sa colère et l'indignation qu'Il a conçue contre nous pour la même raison. Comme des enfants baptisés et mourant dans leur enfance sont lavés de leurs péchés par ce sacrifice offert à Dieu, et sont faits Ses enfants et héritiers de son royaume céleste. Et ceux qui pèchent encore après leur baptême, quand ils se convertissent et reviennent à Dieu sans feinte, sont ainsi lavés de leurs péchés par ce sacrifice, de telle sorte qu'il ne reste aucune trace de péché qui puisse leur être imputée pour leur damnation. C'est de cette justification ou de ce rétablissement que St Paul a parlé quand il a dit : « Personne n'est justifié par les œuvres de la Loi, mais gratuitement par la foi en Jésus-Christ ». Il a dit encore : « Nous croyons en Jésus-Christ, et nous sommes gratuitement justifiés par la foi en Christ, et non par les œuvres de la Loi, car nul ne sera justifié par les œuvres de la Loi ».

​

Et bien que cette justification soit gratuite pour nous, elle n'est pas venue si gratuitement à nous, comme si aucune rançon n'avait été payée pour nous. Mais ici la raison humaine s'étonne, en réfléchissant de cette manière. Si une rançon est payée pour notre rachat, alors elle ne nous est pas donnée gratuitement, car un prisonnier qui paye sa rançon n'est pas totalement libre, car s'il sort librement, c'est qu'il sort sans rançon, car qu'est-ce d'autre que d'être libre, que d'être libéré sans payer de rançon ?

​

Ce raisonnement est rendu juste par la grande sagesse de Dieu dans le mystère de notre rédemption, qui a si bien accordé Sa justice et Sa miséricorde ensemble qu'Il ne pourrait ni nous condamner par un effet de sa justice à la captivité éternelle dans la prison du diable, en enfer, pour toujours et sans pitié ni remède, ni nous laisser sans jugement ni payement d'une juste rançon, mais Il a concilié Sa miséricorde infinie à Sa parfaite justice. La grande miséricorde qu'Il nous a manifestée en nous délivrant de notre captivité première sans exiger de rançon ou de changement de notre part, ce qui nous aurait été impossible de toute façon. Et tandis qu'il ne nous incombe pas de faire quoi que ce soit, Il a fourni une rançon pour nous, qui était le corps et le sang très précieux de Son propre Fils bien-aimé, Jésus-Christ, qui outre cette rançon a parfaitement accompli la Loi pour nous. Ainsi, la justice de Dieu et Sa miséricorde se sont unies et ont accompli le mystère de notre rédemption. Et St Paul a parlé dans le 3ème chapitre de l'épître aux Romains de cette justice et miséricorde de Dieu, liées ensemble : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, mais ils sont justifiés gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ, que Dieu nous a envoyé pour nous réconcilier et faire la paix par la foi en Son Sang, pour manifester Sa justice ». Et dans le 10ème chapitre : « Christ est la fin de la Loi, pour que tous ceux qui croient reçoivent la justice ». Et dans le chapitre 8 : « Ce qui était impossible à la Loi, parce que la nature humaine la rendait impuissante, Dieu l'a fait: Il a condamné le péché dans la nature humaine en envoyant, à cause du péché, Son propre Fils dans une nature semblable à celle de l'homme pécheur. Ainsi la justice réclamée par la Loi est accomplie en nous qui vivons non conformément à notre nature propre mais conformément à l'Esprit ».

​

Dans ces passages, l'Apôtre vise spécialement trois choses qui doivent concourir ensemble à notre justification - de la part de Dieu : Sa grande miséricorde et Sa grâce ; de la part de Christ, la justice, c'est à dire la satisfaction de la justice de Dieu, ou le prix de notre rédemption, en offrant Son corps et en versant Son Sang, accomplissant complètement et parfaitement la Loi ; et de notre part, une foi sincère et vivante dans les mérites de Jésus-Christ, laquelle ne vient pas de nous, mais de Dieu œuvrant en nous. Ainsi sa justice que l'Apôtre appelle « la justice de Dieu », consistait à payer notre rançon et à accomplir la Loi. Ainsi, la grâce de Dieu n'exclut pas la justice de Dieu en nous justifiant, mais elle excluait seulement la propre justice de l'homme, c'est à dire la justice de nos œuvres, comme si elles étaient des mérites méritant notre justification. C'est pourquoi St Paul déclare que rien venant de l'homme ne contribue à sa justification, mais seulement une foi vraie et vivante, qui est néanmoins un « don de Dieu » et pas une œuvre de l'homme seul, sans Dieu. Et cependant, cette foi n'exclut pas la repentance, l'espérance, l'amour, la crainte et le respect de Dieu, unis avec la foi en chaque homme justifié, mais elle exclut la justice de nos bonnes ouvres, qui doivent être accomplies par devoir envers Dieu (car nous devons servir Dieu par les bonnes œuvres qu'Il nous ordonne de faire dans sa Sainte Écriture, chaque jour de notre vie) ; elle les exclut de telle sorte que nous ne les fassions pas dans l’intention d'être rendus meilleurs en les faisant. Car toutes les bonnes œuvres que nous pouvons faire sont imparfaites, et donc incapables de mériter notre justification, qui vient gratuitement par la miséricorde de Dieu, laquelle est si grande que, tandis que le monde entier était incapable de payer même une partie de sa rançon, il a plu à notre Père céleste, dans Son infinie miséricorde, sans aucun mérite de notre part, de préparer pour nous le joyau très précieux du corps et du Sang de Christ, par lesquels notre rançon est entièrement acquittée, la Loi est accomplie et Sa justice pleinement satisfaite. En sorte que Christ est maintenant la justice de tous ceux qui croient vraiment en Lui. Il a payé leur rançon par Sa mort. Il a accompli la Loi pour eux par Sa vie. Ainsi, en Lui et par Lui, chaque vrai Chrétien peut être considéré comme ayant accompli la Loi, car la justice de Christ a suppléé à leur infirmité.

_____

​

{6} 2. Vous avez entendu de Qui tous les hommes doivent obtenir leur justification et leur perfection, et comment cette perfection est attribuée aux hommes par les mérites et la mort de Christ. Vous avez entendu que trois choses sont requises pour obtenir notre justification : la miséricorde de Dieu, la justice de Christ et une foi vivante et vraie, à partir de laquelle émanent des œuvres justes. Vous avez également vu en détail que nul homme ne peut être justifié par ses bonnes œuvres, parce que nul n'accomplit la Loi en totalité. Et St Paul dans son épître aux Galates dit la même chose : « S'il y avait eu une loi par laquelle nous puissions être justifiés, en vérité la justification serait venue par la Loi ». Il dit encore « Ceux qui se sont justifiés par la Loi sont déchus de la grâce ». Et il écrit encore aux Éphésiens sur ce sujet : « C'est par grâce que vous êtes sauvés, au moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, car c'est le don de Dieu, et cela ne vient pas des œuvres, afin que nul ne se glorifie ». Bref, le résumé de l'argumentation de Paul est ceci : Si la justice vient des œuvres, alors elle ne vient pas par grâce, et si elle vient de la grâce, alors elle ne vient pas des œuvres. » Tous les prophètes tendent à cette conclusion, comme St Pierre l'a dit dans le 10ème chapitre des Actes : « Au sujet de Christ, tous les prophètes », dit St Pierre, « témoignent que par Son Nom tous ceux qui croient en Lui recevront la rémission de leurs péchés ».

​

Et selon cette sagesse, on est justifié seulement par une foi vivante et vraie en Jésus-Christ, comme l'on dit tous les anciens auteurs, qu'ils soient Grecs ou Latins. J'en reprendrai spécialement trois d'entre eux : Hilaire, Basile et Ambroise. St Hilaire a dit ces mots dans son neuvième canon sur Matthieu : « Seule la foi justifie". Et St Basile, un auteur Grec, écrit : « Il y a une joie parfaite et complète en Dieu quand un homme ne se vante pas de sa propre justice, mais qu'il reconnaît son manque de justice et qu'il ne peut être justifié que par la seule foi en Christ ». Et Paul, dit-il, « rend gloire à Dieu en méprisant sa propre justice, recherchant la justice par la foi en Dieu ». Ce sont les propres paroles de St Basile. Et St Ambroise, un auteur Latin, dit ces mots : « C'est un commandement de Dieu, que celui qui croit en Christ soit sauvé sans les œuvres, par la foi seule, recevant gratuitement la rémission de ses péchés ». Considérez attentivement ces paroles. Sans les œuvres, par la foi seule, nous recevons gratuitement la rémission de nos péchés. Comment pourrait-on exprimer plus clairement qu'en disant que c'est gratuitement, sans les œuvres, par la foi seule, que nous obtenons la rémission de nos péchés ?

​

Ces citations et d'autres, selon lesquelles nous sommes justifiés par la foi seule et sans les œuvres, nous les trouvons souvent chez les meilleurs auteurs anciens. Outre Hilaire, Basile et St Ambroise déjà cités, nous lisons la même chose chez Origène, St Chrysostome, St Cyprien, St Augustin, Prosper, Oecumenius, Photius, Bernard, Anselme et de nombreux auteurs Grecs ou Latins. Néanmoins, cette affirmation, que nous sommes justifiés par la foi seule, ne va pas jusqu'à mépriser le fait que la justification par la foi est la seule, même chez l'homme sans vraie repentance, ni espérance, ni charité, ni crainte ni respect de Dieu, quelle que soit l'époque. Pas plus quand ils disent que nous sommes justifiés gratuitement, ils ne disent que nous devrions ou pourrions ensuite être oisifs et que plus rien ne pourrait être requis de nous ensuite ; ils ne disent pas non plus qu'être justifié sans les bonnes œuvres signifierait que nous pourrions ne faire aucune œuvre du tout, comme il sera exposé plus loin en détail. Mais cette proposition que nous sommes justifiés par la foi seule, gratuitement et sans les œuvres, est édictée pour enlever clairement tout mérite à nos œuvres, car elles sont insuffisantes pour mériter notre justification devant Dieu, et elle exprime très clairement la faiblesse de l'homme et la bonté de Dieu, notre profonde infirmité et la puissance de Dieu, l'imperfection de nos œuvres propres et l'abondance de la grâce en notre Sauveur Jésus-Christ, et elle exprime donc l'attribution entière des mérites de notre justification à Christ seul et à l'effusion de son sang très précieux.

​

Cette foi nous est enseignée par l'Écriture Sainte ; ceci est le solide rocher et la fondation de la religion chrétienne ; cette doctrine, tous les anciens auteurs de l'église de Christ l'approuvent ; cette doctrine, édicte et promulgue la vraie gloire de Christ et rabat la vaine gloire humaine ; cela, quiconque le dénie ne doit pas être réputé un vrai chrétien, car ce n'est pas rendre gloire à Christ, mais un adversaire de Christ et de Son Évangile, et un partisan de la vaine gloire humaine.

​

Et bien que cette doctrine n'ait jamais été si vraie, tant il est vrai que nous sommes justifiés gratuitement sans aucun mérite de nos propres bonnes œuvres (comme St Paul le dit), cependant cette doctrine de vérité doit aussi être bien comprise et très clairement exposée afin que des hommes charnels n'en tirent prétexte pour vivre charnellement en suivant les appétits du monde, de la chair et du diable. Et parce qu'aucun homme ne doit se tromper en se méprenant sur cette doctrine de vérité, je vais brièvement et clairement exposer sa bonne compréhension, selon laquelle nul homme ne puisse penser qu'il pourrait tirer prétexte de cette liberté quant à la chair pour suivre les désirs de la chair en toute occasion, ou qu'ainsi tout péché peut être commis et tout comportement libéral pratiqué et admis.

​

D'abord, vous comprendrez que notre justification par Christ n'est pas toute d'une pièce, l'œuvre de Dieu envers l'homme et le service de l'homme envers Dieu. La justification n'est pas l'œuvre de l'homme, mais celle de Dieu. Car l'homme ne peut pas se justifier par ses propres œuvres, ni en partie ni en totalité, parce que ceci est la plus grande présomption et arrogance humaine que l'Antichrist puisse combiner contre Dieu, que d'affirmer qu'un homme pourrait, de par ses propres œuvres, enlever et purger ses propres péchés et ainsi se justifier lui-même. Mais la justification est l'œuvre de Dieu seul, et ce n'est pas une chose que nous Lui rendons, mais que nous recevons de Lui ; pas quelque chose que nous Lui donnons, mais que nous obtenons de Lui par Sa miséricorde gratuite et par les seuls mérites de Son Fils bien-aimé, notre seul rédempteur, Sauveur et Celui qui nous justifie : Jésus-Christ.

​

Ainsi, la vraie compréhension de cette doctrine est que nous sommes justifiés gratuitement par la foi sans les œuvres, ou que nous sommes justifiés par la foi en Christ seul, et ce n'est pas une action qui nous est propre que de croire en Christ, ou que notre foi en Christ, qui est en nous, nous justifie et mérite notre justification pour nous, car ce serait compter que nous serions justifiés par quelque action ou vertu qui viendrait de nous. Mais la vraie compréhension et la signification de cela est que bien que nous entendions la Parole de Dieu et la croyions, bien que nous ayons l'espérance, la charité et toutes les autres vertus et bonnes actions, soit que nous les ayons eues, soit que nous les aurons, ou que nous aurions pu les avoir, ce sont des choses bien trop faibles, insuffisantes et imparfaites pour mériter la rémission de nos péchés et notre justification, et nous devons donc nous fier à la seule miséricorde de Dieu et au sacrifice que notre grand prêtre et Sauveur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, a offert pour nous sur la croix pour obtenir par ce moyen la grâce de Dieu et la rémission, aussi bien du péché originel dans le baptême que de tout péché commis par nous après notre baptême, si nous nous repentons vraiment et revenons à lui sans feinte. Ainsi de St Jean Baptiste, bien qu'il n'y ait jamais eu d'homme aussi vertueux et aussi pieux que lui, qui en cette matière de pardon du péché mettait tous ceux qui venaient à lui sous l'autorité de Christ, en leur disant : « Voyez, voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ». Et même, aussi grande, pieuse et vertueuse que soit la foi vivante, il l'a cependant détachée de lui-même pour la rattacher à Christ, afin de ne recevoir que de Lui la rémission de nos péchés ou justification. De telle sorte que notre foi en Christ, s'il était possible, nous dirait : Ce n'est pas moi qui enlève tes péchés, mais Christ seul, et je t'envoie à Lui seul pour cela, renonçant à toutes tes belles vertu, bonnes œuvres, pensées et paroles : place ta confiance en Christ.

_____

​

{7} 3. Il vous a été clairement déclaré que nul homme ne peut accomplir la Loi de Dieu, et que par conséquent tous les hommes sont condamnés par cette Loi ; de là il s'ensuit nécessairement qu'autre chose que la Loi est requis pour notre Salut, et c'est une foi vivante et vraie en Christ, laquelle implique des œuvres bonnes et une vie conforme aux Commandements de Dieu. Vous avez aussi entendu la pensée des auteurs anciens sur cette affirmation : Seule la foi en Christ justifie l'homme, si clairement déclarée que la vraie signification de cette phrase selon laquelle nous sommes justifiés par la seule foi en Christ, selon les anciens auteurs, est celle-ci : Nous mettons notre foi en Christ afin d'être rendus justes par Lui seul, et d'être justifiés par la miséricorde gratuite de Dieu et les seuls mérites de notre Sauveur Jésus-Christ, et pas par nos vertus ou nos bonnes œuvres, ou ce que nous sommes capables de faire ou d'avoir, car pour mériter cela Christ lui-même est l'unique cause méritoire.

​

Ici, vous percevez que de nombreuses paroles sont employées pour éviter les querelles de mots avec ceux qui aiment se bagarrer sur des mots, et aussi pour en montrer la vraie signification, éviter toute compréhension erronée ; et d’aventure même tout ceci n'évitera pas qu'il y ait débat avec eux, car les contestataires inventeront toujours des sujets de dispute, même quand ils n'en ont pas l'occasion. Cependant, passons sur cela et tirons profit du reste ; ils veulent mieux connaître la vérité que les autres, alors qu'elle est assez claire, pour en discuter et avec des arguments captieux ils ne font que l'obscurcir. La vérité est que nos propres œuvres ne justifient pas que nous parlions correctement de notre justification ; c'est à dire que nos œuvres ne méritent pas la rémission de nos péchés et nous rendent au contraire injustes devant Dieu ; mais c'est Dieu qui nous justifie, par Sa seule grâce, en vertu des seuls mérites de Son Fils Jésus-Christ. Néanmoins, parce que la foi nous oriente directement à Christ pour la rémission de nos péchés, et que par la foi qui nous est donnée nous adhérons aux promesses de Dieu : Sa miséricorde et la rémission de nos péchés, ce qu'aucune de nos œuvres ou de nos vertus ne peut accomplir, l'Écriture dit que la foi nous justifie sans les œuvres. Et pour autant qu'on puisse le dire en une phrase «la foi sans les œuvres », ou « seule la foi nous justifie » les anciens pères de l'église ont parfois défini notre justification avec ce discours : « Seule la foi nous justifie », ne voulant rien dire d'autre que St Paul quand il dit « la foi sans les œuvres nous justifie ». Et parce que la justification passe par les seuls mérites de Christ notre Sauveur, et pas par nos mérites ou nos vertus, ou par quelque œuvre qui vienne de nous, nous renonçons à tout mérite personnel, que ce soit la foi, les œuvres et toutes les vertus. Car notre imperfection est si grande à cause de la corruption du péché originel, que tout est imparfait en nous : la charité, l'espérance, la crainte, les pensées, les paroles et les œuvres, nous sommes donc inaptes à mériter quoi que ce soit en matière de justification, même partiellement. Nous disons cela en nous humiliant devant Dieu, et attribuant toute la gloire à Christ notre Sauveur, qui en est seul digne.

​

Vous avez entendu quelle est l'œuvre de Dieu dans notre justification, et comment nous la recevons de lui gratuitement par sa miséricorde, sans nos mérites, par une foi vivante et vraie. Écoutez maintenant quels sont les devoirs de l'homme envers Dieu, et quel devrait être notre rôle : rendre grâce à Dieu pour Sa grande miséricorde et Sa grande bonté. Notre devoir n'est pas de passer le temps de cette vie sans produire de fruit, dans la paresse, après avoir été baptisés ou justifiés, ne nous préoccupant pas du peu d'œuvres bonnes que nous faisons pour la gloire de Dieu et le bien de notre prochain ; notre rôle n'est pas du tout, après avoir été faits membres de Christ, de vivre en opposition à Lui, nous rendant membres du diable, marchant selon ses incitations et les suggestions du monde et de la chair ; par là, nous savons que nous servons le monde et le diable, et pas Dieu. Car cette foi qu'il a suscitée, sans la repentance, ou avec des mauvaises actions ou l'absence d'œuvres bonnes n'est pas une foi correcte, pure et vivante, mais une foi contrefaite, feinte et démoniaque, comme St Paul et St Jacques le disent. Car même les démons savent et croient que Christ est né d'une vierge, qu'il a jeûné 40 jours et 40 nuits sans manger ni boire, qu'il a fait toutes sortes de miracles, se déclarant Dieu lui-même.

​

Ils croient aussi que Christ a souffert pour nous la plus douloureuse des morts pour nous racheter de la mort éternelle, et qu'il est ressuscité des morts le troisième jour ; ils croient qu'il est monté au ciel et qu'il est assis à la droite du Père, et qu'il reviendra à la fin de ce monde et jugera les vivants et les morts. Les démons croient tous ces articles de notre foi, ainsi que tout ce qui est écrit dans le Nouveau et l'Ancien Testaments est vrai, et malgré cette foi ils restent des démons, ils se maintiennent dans leur état de damnation, à défaut d'une vraie foi chrétienne. Car la vraie foi chrétienne n'est pas seulement de croire que l'Écriture Sainte et tous les articles de notre foi sont vrais, mais aussi d'avoir une confiance assurée dans les miséricordieuses promesses de Dieu de nous sauver de la damnation éternelle, par Christ ; et par suite d'obéir à Ses Commandements avec un cœur aimant.

​

Et cette foi chrétienne, aucun démon ne l'a, ni aucun homme qui, tout en professant extérieurement de sa bouche et recevant les sacrements, venant à l'église et montrant toutes sortes d'apparences extérieures, semble être un Chrétien, alors que sa vie et ses actions prouvent le contraire. Car comment un homme peut-il avoir la vraie foi, cette sûre confiance et foi en Dieu que ses péchés sont remis par les mérites de Christ, et d'être réconcilié avec Dieu, et d'avoir part au royaume des cieux grâce à Christ, alors qu'il vit dans l'impiété et renie Christ par ses actes ? Il est sûr que nul homme aussi impie ne peut avoir cette foi et confiance en Dieu. Car, sachant bien que Christ est le seul Sauveur du monde, ils savent aussi que les hommes méchants ne posséderont pas le royaume de Dieu. Ils savent que Dieu déteste l'injustice et qu'il détruira tous ceux qui ne disent pas la vérité, que ceux qui ont fait des bonnes œuvres mais qui n'ont pas été faites dans une foi vivante en Christ et ceux qui auront fait le mal iront à la résurrection pour un jugement. Et ils savent très bien qu'être contestataires et ne pas se soumettre à la vérité, et au contraire se soumettre à l'injustice, leur vaudra l'indignation, la colère et l'affliction, etc.

​

Pour conclure, considérant les avantages infinis que Dieu a montrés et exposés, et qui nous sont donnés avec miséricorde, sans mérite de notre part, Lui qui ne nous a pas seulement créés à partir de rien qu'un peu de terre vile, Il nous a exaltés de par Son infinie bonté pour ce qui est de notre âme, jusqu'à Sa propre ressemblance et similitude : mais aussi, alors que nous étions condamnés à l'enfer et à la mort éternelle, il a donné Son unique Fils engendré (qui est Dieu éternel, immortel et égal à Lui-même en puissance et en gloire) pour qu'Il soit incarné et qu'Il prenne notre nature mortelle sur Lui avec nos infirmités, et qu'Il souffre dans cette nature la plus honteuse et douloureuse des morts pour nos offenses, dans l'intention de nous justifier et de nous faire accéder à la vie éternelle ; et Il nous a adoptés comme Ses enfants bien-aimés, frères de Son Fils unique Christ notre Sauveur, et héritiers pour toujours avec Lui de Son royaume céleste éternel. Ces grands et miséricordieux profits que Dieu nous donne, bien considérés, ne nous donnent aucun motif pour paresser et vivre sans produire de fruit par des œuvres bonnes ; et ne nous poussent en aucune façon à faire le mal ; mais au contraire, si nous ne sommes pas des personnes désespérées et que nos cœurs ne sont pas durs comme la pierre, ils nous conduisent à nous en remettre entièrement à Dieu, de tout notre vouloir, de tout notre cœur, de toutes nos forces et de toutes nos capacités, pour Le servir par nos œuvres bonnes, pour obéir à Ses Commandements durant notre vie ; pour rechercher Sa gloire et Son honneur en toutes choses, et pas nos plaisirs sensuels et la vaine gloire ; craignant surtout d'offenser en parole, en pensée ou en actes, un Dieu si miséricordieux et si aimant.

​

Et ces avantages de Dieu, bien considérés, et par égard pur Lui, nous poussent à être toujours prêts à nous mettre au service de notre prochain, et autant qu'il nous est loisible, à étudier à faire tous nos efforts pour faire le bien envers tout homme ; et surtout, de faire avancer la gloire de Dieu, de qui nous avons reçu notre sanctification, notre justification, notre Salut, et notre rédemption. À Lui soient la gloire, la louange et l'honneur, éternellement. Amen.

bottom of page