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4-De la foi

I-4. De la foi chrétienne

{8} 1. Le premier accès à Dieu, pour les bons Chrétiens, est par la foi, comme nous l'avons vu dans le dernier sermon, qui nous justifie devant Dieu. Et afin que nul ne se trompe ou le comprenne de travers, il est à noter attentivement que cette foi est tirée de l'Écriture de deux manières différentes.

Il y a une foi qui dans l'Écriture est appelée une foi morte, qui n'amène aucune œuvre bonne, mais qui est paresseuse, nue et sans fruit. Et cette foi est comparée par le St Apôtre Jacques à la foi des démons, qui croient que Dieu existe, qu'il est juste, et tremblent de peur, cependant ils ne font rien de bien, mais tout le mal qu'ils peuvent. Et une telle foi est caractéristique des mauvais Chrétiens qui « confessent Dieu », comme le dit St Paul, « de leur bouche, mais le renient dans les faits, étant abominables et dépourvus de vraie foi, rebelles et incompétents pour toute œuvre bonne ». Et cette foi est une croyance du cœur humain par laquelle il sait qu'il y a un Dieu, et il adhère à toute la très Sainte Parole de Dieu contenue dans l'Écriture Sainte. Cette foi consiste seulement à croire la Parole de Dieu, et qu'elle est vraie. Mais ceci n'est pas la foi, à proprement parler ; mais celui qui a lu les Commentaires de César, croyant qu'ils sont vrais, a par là une connaissance de la vie de César et de ses actions les plus notables parce qu'il croit l'histoire de César, cependant, on ne peut pas dire qu'il croit en César, auprès de qui il ne recherche aucune aide ni avantage ; même s'il croit que tout ce qui est dit de Dieu dans la Bible est vrai, il vit dans une telle impiété qu'il ne peut pas jouir des promesses de Dieu, bien qu'on puisse dire de cet homme qu'il a la foi et qu'il croit la Parole de Dieu, toutefois on ne peut pas dire qu'il croit en Dieu ou qu'il ait une telle foi et confiance en Dieu qu'il recherche en Dieu la grâce, la miséricorde et la vie éternelle, mais plutôt l'indignation et la punition, selon les mérites de sa vie méchante. Car comme il est écrit dans un livre attribué à Didyme l'Alexandrin : « Pour autant que la foi sans les œuvres est morte, ce n'est pas encore la foi, comme un homme mort n'est plus tout à fait un homme ». Cette foi morte n'est donc pas cette foi assurée et consistante qui sauve les pécheurs.

Une autre foi est là dans l'Écriture qui n'est pas, comme la foi précédente, paresseuse, sans fruit et morte, mais qui « agit par amour », comme St Paul l'a déclaré ; qui, comme l'autre foi, vaine, est appelée une foi morte, peut être appelée une foi vivante. Et ceci n'est pas seulement une croyance commune des Articles de notre foi, mais une vraie confiance ou foi dans la miséricorde de Dieu à travers le Seigneur Jésus-Christ et une espérance constante de toutes les choses que Dieu nous a promises, et que bien que nous, qui à travers notre faiblesse ou la tentation de notre ennemi spirituel nous éloignons de Lui dans le péché, si nous retournons à Lui par une vraie repentance, croyons que nous serons pardonnés et qu'Il oubliera nos offense pour l'amour de Son Fils notre Sauveur Jésus-Christ, et qu'Il nous fera héritiers avec Lui de Son royaume éternel ; et entre-temps, jusqu'à ce que ce royaume vienne, Il sera notre protecteur et défenseur dans tous les périls et les dangers, quoi qu'il arrive ; et bien qu'Il nous mette parfois dans une dure adversité, Il continue cependant d'être un Père aimant pour nous, nous corrigeant de notre péché mais ne nous retirant finalement pas Sa miséricorde si nous Lui faisons confiance et si nous nous engageons pleinement pour Lui, si nous dépendons de Lui seul et en appelons à Lui, prêts à Lui obéir et à Le servir. Voilà ce qu'est la vraie foi chrétienne, vivante et sans feinte; elle ne sort pas de la bouche par une profession seulement extérieure, mais elle vit et bouge intérieurement dans le cœur. Et cette foi n'est pas sans espérance et confiance en Dieu, ni sans amour pour Dieu et notre prochain, ni sans crainte de Dieu, ni sans le désir d'écouter la Parole de Dieu et de Le suivre en évitant le mal et faisant joyeusement toutes sortes d'œuvres bonnes. Cette foi, comme St Paul l'a décrite, est le sol ferme et la fondation des bénédictions que nous devrions rechercher avec confiance et recevoir de Dieu, un certificat et une attente confiante de ces bénédictions, bien quelles ne nous apparaissent pas encore d'une manière sensible. Et il dit après: « Celui qui vient à Dieu doit croire qu'il existe et qu'il regarde avec miséricorde ceux qui font le bien ». Et rien ne recommande autant les hommes bons à Dieu que cette foi assurée et cette confiance en Lui.

Trois choses sont à noter à propos de cette foi ; d'abord, qu'elle n'est pas morte dans le cœur, mais qu'elle est vivante et porte le fruit d'œuvres bonnes ; ensuite que sans elle aucune œuvre n'est agréable à Dieu ; enfin, quelle sorte d'œuvres bonnes cette foi produit-t-elle.

Sur la foi vivante : comme la lumière ne peut pas être cachée mais est visible de partout, de même la vraie foi ne peut être gardée secrète, mais quand l'occasion se présente, elle se libèrera et se montrera par des œuvres bonnes. Comme le corps humain accomplit toujours ce qui lui est naturel pour se nourrir et se conserver en vie, selon ses besoins et l'opportunité qui lui en est donnée, l'âme qui a une foi vivante fera toujours quelque œuvre bonne montrant qu'elle est vivante et ne reste pas inactive.

C'est pourquoi, quand un homme entend dans l'Écriture de telles recommandations de foi qu'elles le rendent capable de plaire à Dieu, de vivre avec Dieu et de devenir enfant de Dieu ; si alors il s'imagine qu'il est libéré de toute œuvre bonne et peut vivre comme bon lui semble, il se joue de Dieu et se trompe lui-même. Et il est manifestement loin d'avoir une foi vivante et vraie, tout comme il est loin de savoir ce qu'est la vraie foi. Car la très sûre foi vivante n'est pas seulement de croire tout ce que l'Écriture Sainte dit de Dieu, mais elle est aussi une sérieuse confiance en Dieu qui nous voit et prend soin de ceux qui aiment Dieu, tel un père avec l'enfant qu'il aime, et qui sera miséricordieux pour l'amour de Son Fils unique engendré, et qui nous a donné un Sauveur en Christ, notre avocat et prêtre perpétuel ; nous nous fions à Ses seuls mérites, à Son oblation et à Ses souffrances pour nous laver et purger continuellement de nos offenses, quand nous nous repentons vraiment, que nous revenons à Lui de tout notre cœur, décidant fermement en nous-mêmes, avec Sa grâce, de Lui obéir et de Le servir en gardant Ses Commandements, et de ne jamais retomber dans le péché. Telle est la vraie foi que l'Écriture nous décrit, laquelle, quand elle voit et considère ce que Dieu a fait pour nous, est aussi animée, avec l'assistance continuelle de l'Esprit de Dieu, dans le but de Le servir et de Lui plaire, de garder Sa faveur, de craindre de Lui déplaire, de continuer à être Ses enfants obéissants, montrant leur reconnaissance en gardant Ses Commandements ; et ceci en toute liberté, principalement par amour sincère et non par peur de la punition ou en vue d'une récompense temporelle, considérant clairement que nous avons reçu Sa miséricorde et Son pardon gratuit, sans aucun mérite de notre part.

Cette vraie foi se manifeste d'elle-même et ne peut pas paresser longtemps. Car il est écrit : « L'homme juste vit sa foi » ; il ne dort ni ne paresse quand il devrait être éveillé et sagement occupé. Et Dieu, par son prophète Jérémie, dit qu’« il est heureux et béni, l'homme qui a foi et confiance en Dieu, car il est comme un arbre planté au bord de l'eau qui étend ses racines vers le sol humide, et ne craint pas la chaleur quand elle arrive ; ses feuilles sont toujours vertes et il ne cesse pas de donner du fruit ». Même, les hommes de foi, mettant de coté toute crainte de l'adversité, porteront le fruit de leurs œuvres bonnes, quand l'occasion s'en présente à eux.

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{9} 2. Nous avons entendu dans la première partie de ce sermon qu'il y a deux sortes de foi, une foi morte et sans fruit, et une foi vivante « qui agit par charité » ; la première est sans profit, et la seconde est nécessaire pour obtenir notre Salut; laquelle foi est toujours unie à la charité et porte du fruit, avec toutes sortes d'œuvres bonnes. Vous allez maintenant entendre ce qui suit, sur le même sujet.

Le sage dit : « Celui qui croit en Dieu écoute Ses Commandements ». Car si nous ne manifestons pas notre foi dans notre conversation, la foi que nous prétendons avoir n'est qu'une foi feinte, parce que la vraie foi chrétienne se voit clairement au travers d'une vie sainte et pas seule-ment par des mots, comme St Augustin le dit ; « Une vie sainte est inséparable de la vraie foi, qui œuvre par amour ». Et St Chrysostome a dit : « La foi est pleine d'œuvres bonnes en soi ; sitôt qu'un homme croit, il en est pourvu ».

Combien cette foi est-elle pleine d'œuvres bonnes et combien rend-elle les œuvres humaines plus acceptables à Dieu, enseigne St Paul en détail dans le 11ème chapitre des Hébreux, disant que la foi a rendu l'oblation d'Abel meilleure que celle de Caïn. Elle a conduit Noé à construire l'Arche. Elle a poussé Abraham à quitter son pays, pour habiter parmi des étrangers. Ainsi d'Isaac et de Jacob, qui dépendaient uniquement de l'aide et de la confiance qu'ils avaient en Dieu. Et quand ils sont arrivés dans le pays que Dieu leur avait promis, ils n'ont pas construit de villes ni de maisons, mais ils ont vécu en étrangers sous des tentes qui pouvaient être déplacée chaque jour. Leur confiance en Dieu était si grande qu'ils ont établi fort peu de choses terrestres, car Dieu leur avait préparé de meilleures places au ciel, qu'Il avait Lui-même fondées et bâties. Cette foi prépara Abraham à obéir au Commandement de Dieu d'offrir son propre fils héritier Isaac, celui qu'il aimait tant, et par qui il avait reçu la promesse d'une descendance innombrable, dans laquelle on doit être né et par laquelle toutes les nations devront être bénies ; il avait une telle confiance en Dieu qu'il pensait que même s'il le tuait, Dieu omnipotent était capable de le ressusciter des morts, et de réaliser Sa promesse. Il ne doutait pas de la promesse de Dieu, bien que dans sa raison tout lui semblait s'y opposer. Il croyait vraiment que Dieu ne l'abandonnerait pas dans la disette et la famine qui ravageait le pays. Et dans tous les dangers qu'il a dû affronter, il avait toujours confiance que Dieu serait son Dieu et son protecteur et défenseur, en dépit des apparences parfois contraires.

Cette foi a si bien travaillé le cœur de Moïse qu'il « refusa d'être adopté par la fille de Pharaon » et d'avoir un grand héritage en Égypte « pensant qu'il était préférable d'être avec le peuple de Dieu dans l'affliction » et le chagrin qu'avec des hommes méchants « et de vivre agréablement dans le péché pour un temps. Il n'a pas craint les menaces de Pharaon », car sa confiance en Dieu était telle qu'il ne souffrit pas les félicités de ce monde, mais recherchait la récompense à venir dans le ciel, reposant son cœur sur « le Dieu invisible, comme s'il était toujours présent devant ses yeux ».

« Par la foi les enfants d'Israël ont traversé la Mer Rouge ». « Par la foi les murailles de Jéricho se sont écroulées » sans coup férir, et de nombreux autres miracles ont été opérés. Chez tous les saints hommes de foi d'autrefois, la foi a produit des œuvres de foi et obtenu la réalisation des promesses de Dieu. La foi a « fermé la gueule des lions » ; la foi a « éteint la force du feu » ; la foi a « écarté la lame de l'épée » ; la foi a donné la force à des hommes faibles, la victoire dans la bataille, elle a « renversé les armées des infidèles », ressuscité des morts. La foi a permis à de saints hommes de voir le bon côté de l'adversité. « Quelques-uns ont été moqués et fouettés, liés et jetés en prison » ; d'autres ont perdu tous leurs biens et vécu en grande pauvreté ; « quelques-uns ont erré dans les montagnes, les collines et les déserts » ; d'autres ont été tenaillés, massacrés, « lapidés, sciés », mis en pièces, décapités, brûlés sans pitié, et n'ont pas voulu être délivrés parce qu'ils cherchaient à ressusciter dans un monde meilleur.

Tous ces pères, martyrs et d'autres saints hommes dont parle St Paul avaient une foi solidement ancrée en Dieu alors que le monde entier était contre eux. Ils savaient que non seulement Dieu était le Seigneur, créateur et chef de tout homme dans le monde, mais aussi ils avaient une confiance spéciale qu'Il existait, et qu'Il était leur Dieu, leur consolateur, leur aide et leur défenseur. Voilà ce qu'est la foi chrétienne de ces saints hommes, car ils recherchaient les bénédictions de Dieu le Père à travers les mérites de Son Fils Jésus-Christ, comme nous le faisons maintenant. Il y a une différence entre eux et nous, car ils attendaient la venue de Christ, et nous vivons après Son avènement. C'est pourquoi St Augustin a dit : « Les temps son changés, mais pas la foi. Car nous avons dans les deux cas la même foi dans le même Christ ». Nous avons le même Saint-Esprit qu'eux, dit St Paul. Car comme le Saint-Esprit nous enseigne à faire confiance à Dieu et à en appeler à Lui comme à un Père, Il leur a aussi enseigné à dire, comme il est écrit : « Tu es, Seigneur, notre Père et notre rédempteur, et ton Nom n'a pas de commencement ni de fin ». Dieu leur a donné la grâce d'être Ses enfants, et il la donne aussi à nous. Mais maintenant, depuis la venue de Christ notre Sauveur, nous avons reçu dans nos cœurs l'Esprit de Dieu d'une manière plus abondante, par Lequel nous pouvons concevoir une foi plus grande et une confiance plus assurée que nombre d'entre eux. En effet, nous sommes tous unis. Nous avons la même foi en Dieu qu'eux, et eux la même que nous. Et si St Paul a tant exalté leur foi, c'est pour que la nôtre ne soit pas moindre, mais plus grande que la leur, nous donnant entièrement à Christ, en Le professant de la bouche et par notre vie, maintenant que Christ est venu, mieux que les pères avant Sa venue. Et selon toutes les déclarations de St Paul il est évident que la vraie foi chrétienne, vivante et vraie, n'est pas morte, vaine ni sans fruit, mais une parfaite vertu, une force opérante merveilleuse, apportant toutes sortes d'émotions justes et d'œuvres bonnes.

Toute l'Écriture Sainte témoigne qu'une foi en Christ vivante et vraie conduit à des œuvres bonnes, et par conséquent chaque homme doit s'examiner et s'éprouver scrupuleusement pour savoir s'il a cette foi vivante et vraie dans don cœur, avec ou sans feinte, et il le saura d'après les fruits qu'elle produit. Beaucoup de ceux qui ont professé cette foi au Christ étaient dans l'erreur, pensant qu'ils connaissaient Dieu et croyaient en Lui, alors que leur vie prouvait le contraire. St Jean a parlé de cette erreur dans sa première épître : « C'est pourquoi nous avons l'assurance que nous connaissons Dieu, si nous observons Ses Commandements. Celui qui dit qu'il connaît Dieu et n'observe pas Ses Commandements est un menteur, et la vérité n'est pas en lui ». Et il dit encore : « Quiconque pèche ne voit pas Dieu, et ne Le connaît pas. Que personne ne vous trompe, chers enfants ». Et surtout : « Par ceci nous savons que nous sommes de la vérité et que nous persuaderons nos cœurs devant Lui. Car si notre propre cœur nous réprouve, Dieu est au-dessus de nos cœurs et sait toute chose. Eh bien, bien-aimés, si nos cœurs ne nous réprouvent pas, nous avons confiance en Dieu et nous recevons de lui tout ce que nous lui demandons, parce que nous gardons Ses Commandements et que nous faisons ce qui Lui plait ». Et plus loin, il dit : « Tout homme qui croit que Jésus est Christ, est né de Dieu » et « nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais la régénération de Dieu l'a purgé et le diable ne le touche pas ». Et il conclut finalement en dévoilant le motif de son épître, disant : « Car je vous ai écrit ainsi afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au Fils de Dieu ». Et dans sa troisième épître il confirme tout le sujet de la foi et des œuvres en quelques mots, disant : « Celui qui fait le bien est de Dieu, et celui qui fait le mal ne connaît pas Dieu ». Et comme St Jean l'a dit, la connaissance et la foi vivante en Dieu produisent des œuvres bonnes, ainsi qu'il l'a dit de l'espérance et de la charité qui ne peuvent coexister avec une mauvaise vie. Sur l'espérance, il écrit ceci : « Nous savons que quand Dieu apparaîtra nous serons comme Lui, car nous Le verrons comme Il est ». Et sur la charité, il dit ces paroles : « Garder la Parole » ou le commandement « de Dieu en soi est vraiment le parfait amour de Dieu ». Et encore: « Ceci est l'amour de Dieu, que nous gardions ses Commandements ».

Et St Jean n'écrit pas cela comme une phrase subtile imaginée en rêve, mais comme une vérité très certaine et nécessaire, qui lui est enseignée par Christ Lui-même, la vérité éternelle et infaillible, qui en de nombreux endroits affirme le plus clairement possible que la foi, l'espérance et la charité ne peuvent pas exister sans œuvres pieuses et bonnes. Il a dit de la foi : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas cette vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Et il confirme la chose avec un double vœu, disant : « En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui croit en Moi a la vie éternelle. » Maintenant, pour autant que celui qui croit en Christ ait la vie éternelle, il doit s'ensuivre que celui qui a cette foi doit aussi avoir les œuvres et s'appliquer à observer les Commandements de Dieu dans l'obéissance. Car ceux qui font des œuvres mauvaises et conduisent leur vie dans la désobéissance et la transgression des Commandements de Dieu, sans se repentir, n'appartiennent pas à la vie éternelle, mais à la mort éternelle, ainsi que Christ l'a dit Lui-même : « Ceux qui font le bien iront à la vie éternelle, mais ceux qui font le mal iront dans le feu éternel ». Et Il a dit encore : « Je suis le premier et le dernier, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai gratuitement de l'eau de la source de la vie éternelle. Celui qui a la victoire aura tout et je serai son Dieu et il sera Mon Fils ; mais ceux qui ont peur, doutent de Dieu et manquent de foi seront maudits et les meurtriers, les fornicateurs et les sorciers, les idolâtres et tous les menteurs, auront leur part dans le lac enflammé de feu et de soufre, qui est la seconde mort ». Et comme Christ a sans doute affirmé que la vraie foi produit des œuvres bonnes, Il le dit aussi de la charité : « Quiconque a Mes Commandements et les garde, c'est qu'il M'aime ». Et après cela il dit : « Celui qui m'aime gardera mes Paroles » et « Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes Paroles ».

Et comme l'amour pour Dieu est prouvé par les œuvres bonnes, de même la crainte de Dieu, ainsi que le sage l'a dit : « La crainte de Dieu éloigne le péché ». Et aussi : « Celui qui craint Dieu fera de bonnes œuvres ».

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{10} 3. Vous avez entendu dans la deuxième partie de ce sermon que nul homme ne doit penser qu'il possède cette foi vivante que l'Écriture ordonne quand il ne vit pas dans l'obéissance aux Lois de Dieu, car toute œuvre bonne est produite par cette foi là. Et il vous a été dit avec des exemples que cette foi rend les hommes constants, calmes et patients dans toutes leurs afflictions. Maintenant, sur ce même sujet, écoutez ce qui suit.

Un homme peut très bien se tromper et penser dans son imagination qu'il connaît Dieu par la foi, qu'il L'aime, qu’il Le craint et Lui appartient, quand en fait il n'en est rien. Car l'épreuve de toutes ces choses est une vie chrétienne très pieuse. Celui qui sent que son cœur est disposé à cher-cher l'honneur de Dieu, et qui étudie pour connaître la volonté et les Commandements de Dieu et s'y conformer, et qui ne dirige pas sa vie selon les désirs de sa chair, pour servir le diable en péchant, mais qui oriente son esprit à servir Dieu pour l'amour de Dieu lui-même, et à aimer tous ses prochains, qu'ils soient des amis ou des adversaires, faisant du bien à chaque homme selon l'occasion qui se présente, et attentif à ne blesser personne ; un tel homme peut se réjouir en Dieu, car il perçoit par son train de vie qu'il a, sans feinte, une juste connaissance de Dieu, une foi vivante, une espérance constante, un amour et une crainte de Dieu sincères. Mais celui qui rejette le joug des Commandements de Dieu et s'abandonne à vivre sans se repentir véritablement, selon son esprit sensuel et son bon plaisir, ne se souciant pas de connaître la Parole de Dieu et encore moins de vivre en accord avec elle ; un tel homme se trompe clairement et ne voit pas dans son cœur s'il connaît Dieu, s'il L'aime, Le craint ou Lui fait confiance.

Quelques-uns, d'aventure, s'imaginent appartenir à Dieu et se font voir comme de bons enfants de Dieu. Mais St Jean dit clairement : « Si nous disons que nous sommes familiers de Dieu et que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons ». D'autres pensent vainement qu'ils connaissent et aiment Dieu, bien qu'ils ne suivent pas Ses Commandements. Mais St Jean a clairement dit : « Celui qui dit : Je connais Dieu, et ne garde pas Ses Commandements, est un menteur ». Quelques-uns se persuadent faussement qu'ils aiment Dieu alors qu'ils détestent leurs voisins.

Mais St Jean dit manifestement : « Si un homme dit : J'aime Dieu, et qu'il déteste son frère, il est un menteur. Celui qui dit qu'il est dans la lumière et déteste son frère, il est toujours dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, mais celui qui déteste son frère est dans les ténèbres et marche dans les ténèbres et ne sait pas où il va, car les ténèbres l'ont aveuglé. » Et il dit surtout : « Par ceci nous reconnaissons clairement les enfants de Dieu des enfants du diable ; celui qui n'agit pas justement n'est pas un enfant de Dieu, pas plus que celui qui déteste son frère ».

Ne vous y trompez donc pas en pensant que vous avez foi en Dieu ou que vous aimez Dieu ou que vous avez confiance en Lui ou que vous Le craignez, quand vous vivez dans le péché ; car alors votre vie de péché et impie déclare le contraire, quoi que vous en disiez ou pensiez. Il revient au Chrétien d'avoir cette vraie foi chrétienne et de s'éprouver lui-même pour savoir s'il l'a ou pas, et pour savoir ce qui en relève et comment elle opère en lui. Ne nous fions pas au monde ; le monde et tout ce qu'il contient n'est que vanité. C'est Dieu qui doit être notre protection et notre défense contre toute tentation de méchanceté et de péché, d'erreur, de superstition, d'idolâtrie et de tout mal. Si le monde entier était pour nous, et Dieu contre nous, de quel profit nous serait le monde ? Pour cette raison, mettons toute notre foi et toute notre confiance en Dieu, et ni le monde, ni le diable ni tout leur pouvoir ne prévaudront contre nous.

C'est pourquoi, vous qui êtes de bons chrétiens, éprouvez et examinez votre foi, quelle est sa nature. Ne nous flattons pas, mais voyons nos œuvres et jugeons par elles de notre foi, pour ce qu'elle est. Christ Lui-même a parlé sur ce sujet, disant : « On reconnaît l'arbre à son fruit ». Faisons donc des œuvres bonnes et déclarons par là que notre foi est la foi chrétienne vivante. Montrons par les vertus qui devraient émaner de la foi notre élection sûre et stable, comme St Pierre l'enseigne : « Attachez-vous à rendre votre élection certaine par de bonnes œuvres ». Et aussi : « Montrez la vertu de votre foi, dans la vertu, de la connaissance ; dans la connaissance, de la tempérance ; dans la tempérance, de la patience ; dans la patience, de la piété ; dans la piété de la charité fraternelle ; dans la charité fraternelle, de l'amour ». Montrons donc réellement que nous avons une foi chrétienne vivante, qui certifie le mieux à notre conscience que nous sommes dans la vraie foi, et confirmons les autres par ce moyen. Si ces fruits ne suivent pas, nous nous moquons de Dieu, nous nous trompons nous-mêmes, et les autres avec. Nous pouvons bien porter le nom de Chrétiens, mais nous manquons de la vraie foi qui en est la caractéristique. Car la vraie foi produit des œuvres bonnes, comme St Jacques l'a dit : « Montre-moi ta foi par tes œuvres ».

Tes œuvres et tes actions doivent être un témoignage à livre ouvert de ta foi, sinon ta foi, étant sans œuvres bonnes, n'est que la foi du diable et pas une vraie foi chrétienne. De même comme les démons et les gens méchants ne font rien de bien par leur foi contrefaite, c'est pour eux un motif supplémentaire de condamnation, de telle sorte que ceux qui ont été baptisés et ont reçu une connaissance de Dieu et des mérites de Christ, et qui vivent délibérément dans la paresse, sans œuvres de foi, pensant qu'une foi nue leur suffit, ou fixant leurs pensées sur les plaisirs vains de ce monde en vivant dans le péché sans se repentir, et ne produisent pas les fruits correspondant à une si haute prétention ; la grande vengeance de Dieu repose sur des personnes aussi présomptueuses et sur ces pécheurs volontaires, ainsi que la punition éternelle en enfer, qui a été préparé pour le diable et ceux qui vivent dans le péché.

C'est pourquoi, en confessant le Nom de Christ, vous qui êtes de bons Chrétiens, ne laissez pas une telle foi fantaisiste et imaginaire vous séduire, mais soyez assurés de votre foi : éprouvez-la par votre manière de vivre ; regardez les fruits qu'elle produit ; notez ses progrès dans l'amour et la charité envers Dieu et votre prochain ; et vous apprendrez ainsi si c'est une foi vivante et vraie. Si vous ressentez et percevez une telle foi en vous, réjouissez-vous et faites bien attention à la garder et à la maintenir en vous ; qu'elle grandisse chaque jour de plus en plus en faisant le bien ; et vous aurez ainsi l'assurance de plaire à Dieu avec cette foi, et à la longue, comme d'autres hommes de foi l'ont fait avant vous, vous viendrez à Lui quand Il le décidera et recevrez la récompense finale pour votre foi, comme St Pierre l'a appelée, « le Salut de vos âmes ». Laquelle Dieu nous donne, comme Il l'a promise à ses fidèles. À qui soit tout honneur et toute gloire, éternellement. Amen.

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