SERMON pour le premier dimanche de l'Avent
Romains 13/8-14 ; Matthieu 21/1-13
FÊTER JÉSUS-CHRIST
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
En ce premier dimanche de l'Avent, une question nous vient à l'esprit : Jésus est-Il le bienvenu ? L'Évangile des Rameaux nous raconte Sa glorification par les habitants de Jérusalem, lorsqu'il fit Son entrée triomphale dans cette ville, avant d'y être condamné et crucifié par ces mêmes habitants de Jérusalem.
En effet, il y avait un gros malentendu, et une énorme méprise sur la personne de Jésus-Christ : Il n'était pas accueilli en Dieu-Sauveur, ce qu'Il était, mais comme un prophète guérisseur, l'héritier du trône de David, mais pas du trône de Son Père céleste. Pire : dès que Jésus a décliné Sa véritable identité, Il fut accusé de blasphème. Car il faut bien se rendre à l'évidence : Les Israélites du premier siècle de l'ère chrétienne n'avaient pas la foi. Certes, ils croyaient et craignaient Dieu, mais ce même Dieu les avait endurcis et aveuglés au point qu'ils étaient rendus incapables de reconnaître en Jésus-Christ le Fils unique engendré du Père (Romains 11/8) : « Comme il est écrit, Dieu leur a donné un esprit de torpeur, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu’à aujourd’hui ». Et c'est cet aveuglement qui a permis le nécessaire sacrifice de Christ à la croix par lequel nous sommes pardonnés : L'humiliation et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ au Calvaire est le seul sacrifice qui nous lave de tous nos péchés et nous ouvre par là même les portes du Paradis, dans le Ciel. Par la désobéissance des Juifs, nous bénéficions aujourd'hui d'un Salut éternel en Christ (Romains 11/11) : « Je demande donc : "Serait-ce pour tomber que les Israélites ont trébuché ?" Certainement pas ! Mais grâce à leur faux pas, les non-Juifs ont eu accès au salut afin de provoquer leur jalousie ».
(Matthieu 21/1) : « Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples ». Tout le programme des événements qui vont suivre est révélé dans les deux noms propres de ce premier verset : « Bethphagé » signifie la maison où l'on mange, ou la maison de ce qui est mangé. Effectivement, c'est dans une maison de Jérusalem que Jésus-Christ mangera la Pâque avec Ses disciples et instituera la Sainte Communion par laquelle nous mangeons Sa Pâque éternelle, "une fois pour toutes", en faisant mémoire de Son sacrifice à la croix (Hébreux 7/24-8/2) : « mais lui, parce qu’il demeure éternellement, possède la fonction de prêtre qui ne se transmet pas. Par conséquent, il peut aussi sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu à travers lui, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur. C’est bien un tel grand-prêtre qu’il nous fallait : saint, irréprochable, sans souillure, séparé des pécheurs et plus élevé que le ciel. Il n’a pas besoin comme les autres grands-prêtres d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car il a accompli ce service une fois pour toutes en s’offrant lui-même en sacrifice. En effet, la loi établit comme grands-prêtres des hommes sujets à la faiblesse, tandis que la parole du serment prononcé après l’instauration de la loi établit le Fils, qui est parfait pour l’éternité. Le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons bien un tel grand-prêtre, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans le ciel et accomplit son service dans le sanctuaire, dans le véritable tabernacle, celui qui a été dressé par le Seigneur et non par un être humain ». Mes amis, pensez-vous une seule seconde que les Israélites qui accueillaient Jésus à Jérusalem ait eu ces paroles en tête ? Certainement pas !
Quant au deuxième nom propre si révélateur, il s'agit du mont des Oliviers. En hébreu, ce terme signifie également "destruction". Et en effet, si Jésus est mort en dehors des portes de la ville sainte, la destruction est survenue sur Jérusalem en l'an 70 de l'ère chrétienne, ce que nul historien ne conteste. Nous avons là une preuve de plus de l'historicité de Jésus-Christ et de la véracité de Son œuvre de rachat : Il a donné Sa vie à la croix afin que nous ayons une Vie éternelle, moyennant la foi en Christ.
Notre Seigneur entre donc à Jérusalem, juché sur le petit d'une ânesse, et non sur un cheval de guerre. Il ne vient pas en triomphateur, mais comme l'humble Fils du Meunier, comme pour annoncer qu'Il sera moulu comme de la farine, écrasé par la douleur, enveloppé dans un linceul comme dans un sac, et finalement jeté dans un tombeau fermé et scellé, rejeté du monde des vivants (Matthieu 21/4-5) : « Or ceci arriva afin que s’accomplisse ce que le prophète avait annoncé : Dites à la fille de Sion : "Voici ton roi qui vient à toi, plein de douceur et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse." ».
Au verset suivant (21/6), Matthieu nous précise que « Les disciples allèrent faire ce que Jésus leur avait ordonné ». Eh oui, un disciple de Christ obéit au Seigneur Jésus-Christ. C'est même à ce comportement qu'on le reconnaît et qu'il témoigne publiquement de sa foi véritable, contrairement à la foi des habitants de Jérusalem, laquelle n'était pas véritable : ils ne savaient pas qui était Jésus (Matthieu 21/10) : « Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut troublée. On disait : "Qui est cet homme ?". Telle est la grande question posée à tous les hommes, et c'est là le cœur de l'Évangile, au beau milieu de l'Évangile de Marc (Marc 8/27-29) : « Jésus s’en alla avec ses disciples dans les villages voisins de Césarée de Philippe. Il leur posa en chemin cette question : "Qui suis-je, d’après les hommes ?" Ils répondirent : "Jean-Baptiste ; d’après certains, Élie ; d’après d’autres, l’un des prophètes.". "Et d’après vous, qui suis-je ? " leur demanda-t-il. Pierre lui répondit : "Tu es le Messie."». Mais au jour des Rameaux, « La foule répondait : "C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée." ». Pour les habitants de Jérusalem, Jésus n'était ni Dieu, ni Messie. Tel était le résultat de leur aveuglement.
Jésus est cependant accueilli honorablement, mais en tant que prophète seulement (Matthieu 21/8-9) : « Une grande foule de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupèrent des branches aux arbres et en jonchèrent la route. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : "Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !" ». Pas plus que les soldats romains qui ont cloué Jésus à une croix, les Juifs ne savent ce qu'ils font, car ils ne savent pas qui est Jésus. Ils n'obéissent qu'à leurs sentiments - et il n'y a pas plus trompeurs que les sentiments d'une foule exaltée. En effet, Jésus ne leur a rien demandé de tel ; Il ne commande qu'à Ses disciples, ceux qui Le connaissent et reconnaissent en Lui le Fils unique engendré du Père, Dieu Lui-même, incarné dans le sein d'une jeune Vierge, par la puissance du Saint-Esprit (Luc 1/34-35) : « Marie dit à l’ange : "Comment cela se fera-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ?" L’ange lui répondit : "Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.". Notez au passage que Marie n'était pas naïve : elle savait très bien comment les enfants sont conçus naturellement, puisqu'elle dit : "Comment cela se fera-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ?". Notez aussi que l'ange affirme d'emblée la sainteté exceptionnelle de l'enfant-Jésus, « le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu ». On ne peut pas être plus saint que Dieu.
Il y a donc un parallèle possible entre la naissance de Jésus, Sa venue dans le monde, et Son entrée à Jérusalem. Dans les deux circonstances, Christ est reçu comme un être exceptionnel. Et il en sera de même quelques semaines plus tard, quand Il remontera dans le Ciel. Relisons cette scène, assortie d'une promesse pour nous (Actes 1/9-11) : « Après avoir dit cela, il s’éleva dans les airs pendant qu’ils le regardaient et une nuée le cacha à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, deux hommes habillés de blanc leur apparurent et dirent : "Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel." ». Et nous avons cette espérance : Christ reviendra ; nous l'attendons d'un jour à l'autre. Mes amis, êtes-vous prêt à L'accueillir ? Sera-t-Il le bienvenu et trouvera-t-Il la foi sur terre ? Consolons-nous en nous rappelant que Jésus n'a jamais dit que les Chrétiens seront majoritaires… Nous sommes parfaitement prévenus.
Dans une pièce obscure, il y a beaucoup de ténèbres. Mais une seule chandelle suffit à dissiper les ténèbres en y apportant une lumière bienfaisante. Nous sommes tous de telles chandelles, bien vacillantes il est vrai, dans un monde de ténèbres où les signes précurseurs de la fin des temps se multiplient actuellement. Levons les yeux au Ciel, et nous y verrons notre Sauveur venir juger le monde, comme annoncé (Jacques 5/9b) : « Voici que le juge se tient à la porte ». Il est grand temps ! (Romains 13/11-12) : « Cela est d’autant plus important que vous savez quel temps nous vivons : c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous qu’au moment où nous avons cru. La nuit est bien avancée, le jour approche. Débarrassons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière ».
Comme Paul nous le rappelle, nous devons obéir à notre Seigneur Jésus-Christ. Et que nous ordonne-t-Il ? (Romains 13/8 & 10) : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi … L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc l’accomplissement de la loi ». Aimer, c'est penser aux autres autant qu'à soi. Et que deviendrons-nous sans les autres ? Pourrions-nous nous passer d'agriculteurs pour semer et moissonner le blé ? Pourrions-nous nous passer de boulangers pour pétrir et cuire notre pain quotidien ? Pourrions-nous nous passer de médecins pour nous soigner quand nous sommes malades ? Et comment pourrions-nous nous passer d'un Messie-Sauveur, au jour du Jugement, nous qui sommes pécheurs ?
Paul nous demande d'imiter Christ, et de nous unir à Lui au point de faire Corps avec Lui. Telle est la nature de Son Église universelle (Romains 13/14) : « Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous préoccupez pas de votre nature propre pour satisfaire ses convoitises ». Le Chrétien véritable est un croyant qui, parce qu'il est croyant, renonce à tout ce qui est contraire au bien, à tout ce qui s'oppose à Jésus-Christ et à Son Père céleste, notre Père. Par contre, les rebelles à Dieu sont des hommes dénaturés, au sens propre, car ils sont déchus de la grâce primitive d'Adam avant la Chute, ils se sont éloignés de la nature véritable de l'homme tel que Dieu l'avait créé, au Commencement. Mais la grâce de la foi nous rétablit spirituellement dans notre véritable nature d'enfants de Dieu : nous sommes Ses créatures, ayant été recréés à Son image. Telle est l'œuvre du Saint-Esprit de Dieu en nous.
Rendez-vous compte que nous serons les premiers à accueillir Notre Seigneur Jésus-Christ lors de Son grand retour sur notre terre, tandis que les pécheurs iront se cacher dans les ténèbres de leurs caves, comme dans des sépulcres. Chaque jour que Dieu fait, cédant à leurs convoitises - la tentation - par leurs péchés, les pécheurs creusent leur tombe. Mais c'est en vain, car Dieu les tirera de leur cachette en les ressuscitant pour les faire comparaître au Jugement. Soyons-en persuadés. En revanche, nous tenons nos lampes de prière allumées (Romains 13/12) : « La nuit est bien avancée, le jour approche. Débarrassons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière ». Veillons et prions. « Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour, sans orgies ni ivrognerie, sans immoralité ni débauche, sans dispute ni jalousie » (verset 13). Que dira le Seigneur Jésus-Christ si, en arrivant, Il nous trouvait ivres, violents ou tout simplement occupés à des niaiseries ? Soyons "toujours prêts", comme le disent les scouts chrétiens. Toujours prêts à servir le Seigneur dans nos frères chrétiens, en nous mettant au service les uns des autres, non pour une rétribution mondaine, mais pour l'amour de Celui qui nous aime plus que nous ne saurions l'imaginer. Soi dit en passant : c'est le seul salaire qui ne s'épuisera jamais, le seul qui nous suivra au Ciel. Mais comme tout cela nous est commandé par le Père, ordonné par le Fils, imposé par le Saint-Esprit, nous n'en pouvons tirer aucun mérite personnel. Nous ne faisons qu'obéir. Et l'obéissance ne génère aucun mérite, sinon la satisfaction du devoir accompli et la reconnaissance du Maître, au dernier Jour. Fixons nos regards sur Lui, et espérons qu'Il nous dise, à la fin de ce monde (Matthieu 25/21 et 23) : « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup. Viens partager la joie de ton maître ». Alors, nous fêterons Jésus-Christ et Il nous glorifiera dans le Ciel, tous ensemble.
Mes amis, comprenez bien ceci : le renoncement à la tentation, à la convoitise, à ce monde décadent, bien loin d'être une perte pour nous, est un gain en ce sens qu'il nous assure un avenir joyeux dans un monde meilleur. Lorsque nous y serons, nous aurons cette pensée sur notre vie passée "Je ne regrette qu'une chose : c'est de ne pas m'être converti plus tôt !". Si Dieu nous demandait de mener une vie morale sans contrepartie, nous serions vite découragés : à quoi bon, puisque nous mourrons ? Mais Christ est ressuscité, et de même Il nous ressuscitera et nous emmènera avec Lui sur les nuées jusqu'au Paradis céleste, où nous serons escortés par les anges ! Nous fêterons Jésus-Christ, et Lui aussi nous fêtera, comme Il l'a dit aux serviteurs fidèles de la parabole. Amen.
Tr. Révd. Yves Méra, évêque AOC France.