SERMON pour le deuxième dimanche de l'Avent
Romains 15/4-13 ; Luc 21/25-33.
ESPÉRER LA FIN OU JUSQU'À LA FIN ?
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Dans l'Évangile de Luc, Christ nous prévient : le monde où nous vivons aura une fin. (Luc 21/25-26,31,33) « Et il y aura des signes dans le soleil et dans la lune, et dans les étoiles, et une telle détresse des nations, qu'on ne saura que devenir sur la terre, la mer bruyant et les ondes. De sorte que les hommes seront comme rendant l'âme de peur, et à cause de l'attente des choses qui surviendront dans toute la terre ; car les vertus des cieux seront ébranlées… Vous aussi de même, quand vous verrez arriver ces choses, sachez que le Règne de Dieu est près… Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». C'est pourquoi il est vain de compter passer l'éternité sur terre, ou de congeler notre corps en vue de le ranimer plus tard, ou encore de saigner des bébés pour se faire transfuser leur adénochrome en pensant vivre ici-bas éternellement, comme le font les penseurs du mondialisme rampant, sans égard pour la vie de ces pauvres petits d'hommes.
Et c'est sous la forme d'un petit d'homme que Christ a voulu naître d'une Vierge, vivre et souffrir parmi nous pour nous racheter de nos péchés, et nous délivrer de l'enfer éternel vers lequel les hommes se précipitent, en dévalant à tombeau ouvert la pente facile qui descend en enfer. Les amateurs de descente à ski comprendront.
Christ nous a transfusé Son précieux Sang, afin que nous ayons la vie éternelle, non pas sur cette terre, mais dans le Royaume du Père, dans le Ciel, dans la sécurité d'un lieu hors du temps, où plus aucun dommage ne peut plus survenir : plus de souffrances, plus de maladies, plus d'intempéries, plus de catastrophes naturelles, plus de pannes, plus d'accidents, plus de mort. Mais surtout, ce sera le règne de l'Amour : plus de haine, plus d'agressions, plus de violence, plus de guerre. Et pourtant, nombreux sont ceux qui rejettent un tel programme ! Ces ignorants ou inconscients refusent de se soumettre au Dieu d'amour, de vérité et de paix. Ils sacrifient leur avenir pour quelques instants de plaisir éphémère. Ils pensent avancer plus vite et aller plus loin en mettant la charrue devant les bœufs ! Ce ne sont pourtant pas les avertissements qui manquent dans la Bible… Mais ils n'en tiennent aucun compte. Leur fin sera terrible.
Non seulement Jérusalem sera détruite, mais la planète terre entière cessera d'exister ! Jésus dit : (Luc 13/34) « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les Prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés ; combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme la poule [rassemble] ses poussins sous [ses] ailes, et vous ne l'avez point VOULU ? ». Dieu appelle tous les hommes à entrer dans Son Église par le baptême et exige une instruction biblique pour recevoir le don de la foi en Dieu et la grâce de la vraie repentance. Mais tous ne seront pas sauvés parce que tous ne VEULENT PAS être sauvés ! C'est un mystère incompréhensible autrement que par une ruse de Satan qui veut la destruction des hommes créés par Dieu. Et Dieu les prendra au mot : à Son peuple élu, Dieu dit : (Juges 10/13-14) « Vous m'avez abandonné, et vous avez servi d'autres dieux ; c'est pourquoi je ne vous délivrerai plus. Allez, et criez aux dieux que vous avez choisis ; qu'ils vous délivrent au temps de votre détresse ». Dans notre République laïque, Dieu nous reproche de n'avoir pas d'autre Dieu que nous-mêmes ; c'est la foi humaniste qui voudrait que l'homme n'ait "ni dieu ni maître" et se suffise à lui-même. Paul le savait et le dénonçait déjà : (Philippiens 3/19) « Car il y en a plusieurs qui marchent d'une [telle manière], que je vous ai souvent dit, et maintenant je vous le dis encore en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix de Christ ; desquels la fin est la perdition, desquels le dieu est le ventre, et desquels la gloire est dans leur confusion, n'ayant d'affection que pour les choses de la terre ». Et quand Paul parle de ventre, il vise aussi le bas-ventre… Aujourd'hui, tous les excès sont permis et encouragés, au nom d'une liberté mal comprise qui revient à un lascif esclavage des sens.
L'Épître aux Romains nous invite à espérer un monde meilleur, sur la foi dans les promesses de Dieu contenues dans la Bible, la Parole de Dieu, révélée, inspirée, sans erreur, unique source de foi et de mœurs. Toutes les promesses qu'elle contient visant le passé se sont réalisées, en particulier celles qui concernent un Messie-Sauveur. Notre Seigneur Jésus-Christ a accompli tout ce qui Lui était imparti par le Père, et qui fut annoncé par les Prophètes, plusieurs siècles à l'avance : (Romains 15/2-4) « Que chacun de nous donc complaise à son prochain pour son bien, pour [son] édification. Car même Jésus-Christ n'a point voulu complaire à soi-même, mais selon ce qui est écrit [de lui] : "Les outrages de ceux qui t'outragent sont tombés sur moi". Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction ; afin que par la patience et par la consolation des Écritures nous ayons espérance ». Mais quelle est cette espérance ?
L'espérance que Paul décrit dans son Épître n'est pas une promesse électorale : il ne sollicite pas les suffrages des hommes, mais ceux du Dieu de Vérité. Il nous parle de cœur, et de sentiment « Afin que tous d'un même cœur, et d'une même bouche vous glorifiiez Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains 15/6). Il ne s'agit pas de nous complaire en nous-mêmes ni de vivre dans les plaisirs, mais de plaire à Dieu, notre Créateur. Or, ce Dieu est aussi un Père qui nous aime et veut notre bonheur éternel, dans Sa présence. Comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, Il veut nous réunir autour de Lui dans le ciel, non pas pour nous y tourner les pouces, mais pour louer et célébrer le Seigneur - NOTRE Seigneur.
Paul conclut ce passage en nous invitant à une espérance qui dépasse notre entendement, nos forces et notre imagination, et que Dieu seul peut insuffler en nous par Son Esprit : « Le Dieu d'espérance donc vous veuille remplir de toute joie et de [toute] paix, EN CROYANT ; afin que vous abondiez en espérance par la puissance du Saint-Esprit » (Romains 15/13). Ce don d'espérance nous vient par la foi, "en croyant" est-il écrit. Est-ce assez clair ? Faisons-nous assez confiance à Dieu et à Sa Parole éternelle pour qu'Il nous donne cette vertu d'espérance dont Paul nous parle ici ? Il ne s'agit pas de mériter le don - autrement ce ne serait plus un don mais une marchandise : souvenez-vous que Jésus a justement chassé les marchands du Temple car leur activité laissait penser qu'on pouvait acheter la grâce de Dieu. Il s'agit simplement d'avoir une telle confiance en Dieu, une telle foi, que le Père puisse nous faire Lui-aussi confiance et nous envoie ce don d'Espérance, selon qu'il est écrit : (Romains 1/17) « or le juste vivra de foi ». Il veut S'assurer que ce don d'espérance ne sera pas galvaudé ni un objet de vantardise de la part de ceux qui l'auront reçu : Mes bien chers frères, restons dans l'humilité et la simplicité des enfants de Dieu, qui reçoivent tout ce dont ils ont besoin de leur Père qui les aime. (Luc 11/13) : « Si donc vous qui êtes méchants, savez bien donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ? ». Espérer, c'est s'attendre à l'intervention du Père, compter sur Sa grâce.
Et qu'espérons-nous précisément ? La fin du monde dans un cataclysme dantesque ? Il y en a beaucoup qui se précipitent au cinéma pour VOIR ce qui les attend et jouir du spectacle, mollement installés dans un fauteuil confortable comme s'ils regardaient le drame se jouer sous leurs yeux depuis l'extérieur, bien à l'abri sur un petit nuage, car ils n'espèrent rien au-delà. Ils se sentent en sécurité, enfermés à double-tour dans leur cabine tout au fond du Titanic, qu'ils croient insubmersible, puisqu'on le leur a dit. Pour ma part, je préfère croire sans voir : (Jean 20/29) « bienheureux sont ceux qui n'ont point vu, et qui ont cru ».
Ou bien espérons-nous la vie éternelle dans le Ciel, après ces événements terribles ? Notre Seigneur nous avertit : (Luc 21/34-36) « Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise et l'ivrognerie, et par les soucis de cette vie ; et que ce jour-là ne vous surprenne subitement. Car il surprendra comme un filet tous ceux qui habitent sur le dessus de toute la terre. Veillez donc, priant en tout temps, afin que vous soyez faits dignes d'éviter toutes ces choses qui doivent arriver ; et afin que vous puissiez subsister devant le Fils de l'homme ». Notez la formulation "que vous soyez faits dignes" : Il n'est pas question de nous rendre dignes par nous-mêmes, par nos efforts ou nos mérites, mais par la grâce de Dieu, moyennant la foi - qui est aussi une grâce. C'est Dieu qui nous fait dignes - pas nous ! Ainsi éviterons-nous cet épisode terminal ; nous serons jugés dignes d'être épargnés par le Tout-Puissant.
Ne soyons donc pas inquiets, mais profitons de ce temps de l'Avent pour redevenir COMME des petits enfants qui font confiance à leur Père et attendent de Lui tout ce qui leur est nécessaire. Croyons et attendons. Mais loin de moi de vous recommander une espérance passive, paresseuse, inactive ! Romains 15 nous invite au contraire à l'action « nous devons, nous qui sommes forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas nous complaire à nous-mêmes. Que chacun de nous donc complaise à son prochain pour son bien, pour [son] édification… Afin que tous d'un même cœur, et d'une même bouche vous glorifiiez Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. C'est pourquoi recevez-vous l'un l'autre, comme aussi Christ nous a reçus à lui, pour la gloire de Dieu » (Romains 15/1-2,6-7).
Vous l'aurez compris avant que je ne vous le dise : nous n'espérons ni la fin du monde ni jusqu'à la fin du monde ; mais au-delà de cette fin, nous attendons le Royaume éternel du Père. Paul nous incite à pratiquer dès à présent et entre nous une vie de foi et de charité, avec l'espérance de la gloire éternelle dans le Royaume céleste où nous serons réunis tous ensemble avec ce même Père, en Christ, et par le Saint-Esprit. Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC France.