SERMON pour le quatrième dimanche après l'Épiphanie
Romains 13/1-7 ; Matthieu 8/1-13
L'AUTORITÉ MONDAINE
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
En venant accomplir Sa mission sur terre, notre Seigneur Jésus-Christ n'en finit pas de descendre : Après être descendu du Ciel, Il est descendu de la montagne ; et une fois descendu de la croix et mis au tombeau, Il descend encore aux enfers. Et dès Sa résurrection, Il accomplira le chemin inverse, exactement. Si bas que nous soyons tombés, Christ peut venir nous repêcher et nous relever de notre bas-fond (Romains 5/20b) : « … là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » ; (Matthieu 12/31) : « C’est pourquoi je vous dis : Tout péché, tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera pas pardonné ». Tout péché peut être pardonné à ceux qui se repentent, c'est-à-dire qui changent leur comportement en demandant pardon à ceux qu'ils ont offensés et en réparant les dommages qu'ils ont causés et qui peuvent encore être réparés. Mais le blasphème contre l'Esprit-Saint ne sera pas pardonné. Quel est ce blasphème ? L'Évangile ne nous le dit pas, et l'on se perd en conjectures…
Nous pouvons cependant en déterminer l'essentiel en quatre points :
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Le Saint-Esprit est Dieu. Il s'agit donc d'un blasphème contre Dieu.
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Les Dix Commandements de Dieu nous ordonnent de respecter Dieu et même le Nom de Dieu, car Son Nom est Saint (Deutéronome 5/11) : « ».
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Le rôle du Saint-Esprit est de nous convaincre de la Vérité de Dieu, et de renforcer notre témoignage (Jean 6/13) : « ». Blasphémer, c'est donc contredire la Vérité, mentir sur Dieu.
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Mais la Vérité ne consiste pas seulement en paroles (Ésaïe 42/1) : « ». La Vérité se révèle aussi par nos actes, et nous sommes tous de tels serviteurs, si nous marchons dans la voie que Jésus-Christ nous a tracée, celle où Il nous a devancés. Blasphémer contre l'Esprit de Dieu, c'est donc renier Christ, renoncer à la foi en Dieu et faire par là de Son Esprit-Saint un menteur.
Blasphémer contre le Saint-Esprit, c'est donc renier Christ après qu'on L'a une fois connu et qu'Il a fait sa demeure dans notre cœur par Son Saint-Esprit ; c'est le chasser de notre cœur et de notre vie. Craignons alors qu'Il ne nous prenne au mot et qu'Il ne nous laisser tomber, ce qui revient à nous livrer à Satan (1 Timothée 1/20) : « C’est le cas d’Hyménée et d’Alexandre, que j’ai livrés à Satan afin qu’ils apprennent à ne plus blasphémer ». Comment Dieu pourrait-Il nous pardonner, si nous choisissons délibérément de finir en enfer en faisant un pacte avec le diable, et si nous maudissons Dieu, comme beaucoup d'artistes et de vedettes en mal de succès ? Souvenons-nous que Satan est le père du mensonge, et que ses bénédictions sont autant de mirages éphémères qui se payent à crédit, mais avec un taux d'intérêt exorbitant : vous devenez l'esclave du diable et le serviteur des démons, pour l'éternité.
Telle n'est pas le cas du lépreux de l'Évangile, dont la foi est manifeste : il se prosterne devant Christ, Le traitant ainsi comme Son Seigneur (Matthieu 8/2) : « Alors un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui et dit : "Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur." ». Et Christ le guérit, immédiatement et définitivement, de sa lèpre et de ses péchés. Mais Il lui recommande de se soumettre à l'autorité religieuse et à ses rites de purification, car c'est aussi un témoignage de foi en Dieu (Matthieu 8/4) : « Puis Jésus lui dit : "Fais bien attention de n’en parler à personne, mais va te montrer au prêtre et présente l’offrande que Moïse a prescrite, afin que cela leur serve de témoignage." ». Le Saint-Esprit nous donne la force de témoigner de notre foi en Dieu, en commençant par le récit des bénédictions que nous avons reçues de Lui (Matthieu 10/19-20) : « Mais, quand on vous fera arrêter, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné au moment même. En effet, ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous », dit le Seigneur.
Notre premier témoignage est donc de pratiquer notre religion. Et je parle bien de religion, pas seulement de notre relation personnelle avec notre Seigneur. L'Évangile nous atteste que Dieu a fondé la religion judaïque par Moïse, avec toues ses prescriptions, auxquelles Jésus-Christ S'est Lui-même soumis, en les éclairant de Sa Loi d'amour. Christ a Lui-même institué des rites, et même les sacrements nouveaux que sont le baptême et la Sainte Communion. À votre avis, n'y a-t-il pas une sorte de blasphème à négliger ces sacrements et rites, comme de s'abstenir d'aller au culte sans raison suffisamment valable comme de soigner un blessé rencontré sur le bord de la route de Jérusalem, ou de remonter un enfant ou un âne tombé dans un puits ? Seule l'urgence est une excuse acceptable pour ne pas aller au culte, ou d'y arriver en retard. Soyons de bons Samaritains envers tous, et de bons maîtres pour nos enfants et notre bétail ; mais ne négligeons pas de servir Dieu en nous mettant à l'écoute de Sa Parole, lue, prêchée et enseignée par les pasteurs que Dieu a appelés dans ce but. Une absence prolongée - parfois des années - au culte dominical est un contre-témoignage chrétien et contre l'Esprit de Dieu. Dans l'Évangile, même les grabataires se font porter afin d'approcher le Seigneur Jésus-Christ ; c'est ainsi qu'ils expriment leur grande foi (Marc 2/1/5) : « Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu’il était à la maison, et un si grand nombre de personnes se rassemblèrent qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte. Il leur annonçait la parole. On vint lui amener un paralysé porté par quatre hommes. Comme ils ne pouvaient pas l’aborder à cause de la foule, ils découvrirent le toit au-dessus de l’endroit où il se tenait et descendirent par cette ouverture le brancard sur lequel le paralysé était couché. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : "Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés." ». Retenons ceci de cet épisode : Christ annonçait la Parole, comme les prédicateurs biblicistes le font à chaque culte, et même un paralytique se fait porter dans Sa présence et écoute cette Parole. En l'occurrence, Il est guéri non seulement de sa maladie physique, mais aussi de tous ses péchés, y compris du péché originel, ce trouble transgénérationnel que nous avons tous hérité d'Adam, notre premier père. De plus, ce malade guéri est né de nouveau, car le Saint-Esprit de Dieu est venu habiter dans son cœur, en y faisant le ménage. Et si cet homme rétabli en plénitude de vie, venait à renier Christ - ce qui, en l'espèce, me semble très improbable tant sa rencontre avec Christ était marquante - alors il blasphèmerait contre l'Esprit de Dieu ; ce serait comme si il déclarait qu'il n'était pas guéri, ou que sa guérison venait d'un autre que de Christ. Quel contre-témoignage, en effet, ce serait !
L'Apôtre Paul étend l'obéissance que nous devons à Dieu, notre Seigneur et Maître, aux autorités civiles, royales ou républicaines. N'oublions pas que dans l'empire romain, cela impliquait de se soumettre à une autorité païenne, idolâtre et persécutrice des Chrétiens (Jean 15/20) : « Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : ‘Le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur.’ S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre ». Comment peut-on se soumettre à nos persécuteurs ? Jésus a-t-Il résisté à ceux qui Le crucifiaient ? (Ésaïe 53/7) : « Il a été maltraité, il s’est humilié et n’a pas ouvert la bouche. Pareil à un agneau qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche ». Les Apôtres ont tous souffert la persécution y compris Jean, même s'il est mort dans son lit, lui seul.
Paul va même plus loin en déclarant que les autorités païennes ou laïques sont voulues par Dieu (Romains 13/1) : « Que chacun se soumette aux autorités qui nous gouvernent, car toute autorité vient de Dieu, et celles qui existent ont été établies par Dieu ». Dieu les a établies pour punir les pécheurs en les traitant comme ils le méritent ; ce n'est donc que justice de la part de l'Éternel. Et qui sommes-nous pour critiquer la Sagesse infinie de Dieu ? Voyez comment la Révolution française, voulant se débarrasser de Dieu et détruire Son Église, a remplacé nos rois "très chrétiens" par une série de francs-maçons tous plus malfaisants les uns que les autres, à de rares exceptions près ? Voyez comment les élections sont contournées, annulées, recommencées jusqu'à ce que le résultat satisfasse ceux qui tirent les ficelles derrière les marionnettes qu'ils placent à la tête de nos États respectifs, en Europe ? Eh bien oui, ces malfaisants finiront par nous déposséder de nos biens et nous ruiner ; ils nous euthanasieront lorsque nous serons devenus inutiles, car tel est leur PROJET. Mais que nous importe ? Nous avons un trésor dans le Ciel, et nous sommes prêts à renoncer à tout, jusqu'à notre propre vie, préférant regagner notre patrie céleste, le Royaume de Dieu (Matthieu 10/28) : « Ne redoutez pas ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent pas tuer l’âme. Redoutez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps en enfer » ; et (Romains 13/2) : « C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes ».
Et Paul ne nous demande pas seulement une obéissance de façade, extérieure et hypocrite, mais une soumission sincère et de bonne foi (Romains 13/5) : « Il est donc nécessaire de se soumettre aux autorités, non seulement à cause de cette colère, mais encore par motif de conscience ». Autrement dit, nous nous soumettons aux autorités même antichrétiennes, pour obéir à Dieu. Ce paradoxe a tout de même une limite : notre obédience chrétienne fait passer notre obéissance à Dieu avant notre soumission aux autorités civiles. Nous obéirons donc à l'autorité civile, tant qu'elle ne nous demandera pas de renier notre foi en Christ, notre seul Seigneur et Sauveur. Même si cette autorité nous interdit d'aller au culte, ferme nos temples et éloigne nos pasteurs, nous pourrons toujours prier, et le Livre de la Prière Commune nous sera une aide efficace en ce sens qu'il n'est pas besoin d'un pasteur ordonné pour conduire la prière (sauf la Sainte Communion, en principe). Et si la même autorité nous enlève notre Livre de la Prière Commune, nous aurons toujours été formé dans ce livre à une prière biblique et exhaustive, à une intercession et à une action de grâce générales ; nous saurons alors prier pour ceux qui nous persécuteront comme il est écrit dans l'Office des Litanies : « qu'il te plaise de pardonner à nos ennemis, à ceux qui nous persécutent et nous calomnient, et de convertir leurs cœurs ». Toujours, nous voudrons le bien de tous les humains, car nous nous souvenons que nous étions comme eux, avant notre nouvelle naissance en Christ. En Adam, ils sont nos cousins.
Paul fait la part des choses (Romains 13/7-8) : « Rendez à chacun ce qui lui est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, la taxe à qui vous devez la taxe, le respect à qui vous devez le respect, l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi ». Paul reste dans la ligne du Seigneur Jésus, lorsqu'Il disait aux Pharisiens venus Le piéger (Marc 12/17) : « Alors il leur dit : "Rendez à l’empereur ce qui est à l’empereur et à Dieu ce qui est à Dieu." Et ils furent dans l’étonnement à son sujet ». Il nous faut donc nous soumettre à l'autorité civile, en Christ, et par le Saint-Esprit qui demeure en chacun de nous, tant que cela ne nous empêche pas de servir notre Dieu et Père. Que nul ne nous oblige à blasphémer contre le Saint-Esprit de Dieu ! Plutôt mourir mille morts !
Mes amis, vous savez désormais ce qu'il vous reste à faire (Luc 21/36) : « Restez donc en éveil, priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tous ces événements à venir et de vous présenter debout devant le Fils de l’homme ». Et notre Seigneur Jésus-Christ nous a prévenus (Luc 21/33-35) : « Le ciel et la terre disparaîtront, mais mes paroles ne disparaîtront pas. Faites bien attention à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne devienne insensible, au milieu des excès du manger et du boire et des soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste. En effet, il s’abattra comme un piège sur tous les habitants de la terre ». À la fin du monde, notre Père éternel sifflera la fin de la partie contre Satan, ses démons, leurs tricheries et leurs œuvres maléfiques. Ne subsistera que la Parole de Dieu et ceux qui y seront attachés et qui l'auront digérée (Apocalypse 10/10) : « Je pris le petit livre de la main de l’ange et je l’avalai. Dans ma bouche, il fut doux comme du miel, mais quand je l’eus avalé, mon ventre fut rempli d’amertume ». La Bible est bonne comme le miel, mais elle est remplie de l'amertume de Dieu contre le péché des hommes. Sa lecture nous porte à détester le péché sous toutes ses formes, et à y renoncer, pour l'éternité. Telle est la véritable repentance, selon la Bible. Et au verset suivant, nous recevons notre feuille de route : (Apocalypse 10/11) : « Puis on me dit : "Il faut que tu prophétises de nouveau sur un grand nombre de peuples, de nations, de langues et de rois." ». Prions, prions, et prêchons, évangélisons le monde qui nous entoure, y compris ceux de l'Autorité mondaine. Amen.
Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC France.