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SERMON pour le quatrième dimanche de l'Avent

Philippiens 4/4-7 ; Jean 1/19-28.

 

JEAN-BAPTISTE ET JÉSUS

 

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

 

Jean-Baptiste et Jésus ont ceci de commun avec le peuple d'Israël : les deux sont des enfants du miracle, puisque l'un est né d'un couple stérile et âgé, Élisabeth et Zacharie - tout comme Isaac est issu d'Abraham et de Sarah - (Luc 1/7,24-25) : « Et ils n'avaient point d'enfants, à cause qu'Élisabeth était stérile ; et qu'ils étaient fort avancés en âge… Et après ces jours-là, Élisabeth sa femme conçut, et elle se cacha l'espace de cinq mois, en disant : Certes, le Seigneur en a agi avec moi ainsi aux jours qu'il m'a regardée pour ôter mon opprobre d'entre les hommes » ; et l'autre est né d'une vierge pure et sans tache (Luc 1/30-35) : « Et l'Ange lui dit : Marie, ne crains point ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu concevras en ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom JÉSUS. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Souverain, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Et il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et il n'y aura point de fin à son règne. Alors Marie dit à l'Ange : Comment arrivera ceci, vu que je ne connais point d'homme ? Et l'Ange répondant lui dit : Le Saint-Esprit surviendra en toi, et la vertu du Souverain t'ombrera ; c'est pourquoi ce qui naîtra [de toi] Saint, sera appelé le Fils de Dieu ».

 

Jean-Baptiste et Jésus ont presque le même âge, avec six mois d'écart ; Élisabeth est enceinte de six mois lorsque Gabriel annonce à Marie qu'elle sera vierge-mère (Luc 1/26) : « Or au sixième mois, l'Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth ». On sait que le tour de service au Temple de Zacharie tombait la deuxième quinzaine de septembre. Jean-Baptiste est donc né neuf mois plus tard, fin juin - c'est la St Jean. Et Jésus est arrivé six mois après Jean, fin décembre. La date de Noël est donc historique et n'a rien à voir avec les fêtes païennes du solstice d'hiver. (Luc 1/8-9,23) « Or il arriva que comme Zacharie exerçait la sacrificature devant le Seigneur, à son tour ; selon la coutume d'exercer la sacrificature, le sort lui échut d'offrir le parfum et d'entrer [pour cet effet] dans le Temple du Seigneur... Et il arriva que quand les jours de son ministère furent achevés, il retourna en sa maison ». C'est dans le Saint des Saints du Temple que Zacharie fut visité par l'Ange du Seigneur, le jour du Yom Kippour, donc fin septembre - début octobre. (Luc 1/11-13) : « Et l'Ange du Seigneur lui apparut, se tenant au côté droit de l'autel du parfum. Et Zacharie fut troublé quand il le vit, et il fut saisi de crainte. Mais l'Ange lui dit : Zacharie, ne crains point ; car ta prière est exaucée, et Élisabeth ta femme enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean ». Le hasard n'a aucun effet dans la génération de Jean-Baptiste et Jésus. Ils sont tous deux nés de la seule volonté de Dieu. De même, le peuple hébreu fut engendré d'Abraham et Sarah, par une initiative divine (Genèse 18/1-2,10-14) « L’Éternel lui apparut dans les plaines de Mamré, comme il était assis à la porte de [sa] tente, pendant la chaleur du jour. Car levant ses yeux, il regarda : et voici, trois hommes parurent devant lui, et les ayant aperçus, il courut au-devant d'eux de la porte de sa tente, et se prosterna en terre … Et [l'un d'entre eux] dit : Je ne manquerai pas de retourner vers toi en ce même temps où nous sommes, et voici, Sara ta femme aura un fils. Et Sara l'écoutait à la porte de la tente qui était derrière lui. Or Abraham et Sara étaient vieux, fort avancés en âge ; et Sara n'avait plus ce que les femmes ont accoutumé d'avoir. Et Sara rit en soi-même, et dit : Étant vieille, et mon Seigneur étant fort âgé, aurai-je [cette] satisfaction ? Et l’Éternel dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, en disant : Serait-il vrai que j'aurais un enfant, étant vieille comme je suis ? Y a-t-il quelque chose qui soit difficile à l’Éternel ? Je retournerai vers toi en cette saison, en ce même temps où nous sommes, et Sara aura un fils ». L'appartenance à l'Église du Seigneur n'est donc pas un choix personnel, mais une réponse à un appel de Dieu. Voyez la conversion de Paul sur le chemin de Damas (Actes 9/1-6) : « Or Saul ne respirant encore que menaces et carnage contre les disciples du Seigneur, s'étant adressé au souverain Sacrificateur, lui demanda des lettres de sa part pour porter à Damas aux Synagogues, afin que s'il en trouvait quelques-uns de cette secte, soit hommes, soit femmes, il les amenât liés à Jérusalem. Or il arriva qu'en marchant il approcha de Damas, et tout à coup une lumière resplendit du ciel comme un éclair tout autour de lui. Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Et il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il t'est dur de regimber contre les aiguillons. Et lui tout tremblant et tout effrayé, dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là il te sera dit ce que tu dois faire ». Voyez le contraste entre la liberté de Dieu qui appelle qui Il veut à naître (Isaac, Jean-Baptiste, Jésus) ou à naître de nouveau (Paul) et la dépendance des hommes à la volonté de Dieu qui décide pour nous. Au fond, nous ne faisons que nous conformer à Sa sainte volonté. Nous ne pouvons rien faire de bien par nous-mêmes, car Dieu-Saint est la source de tout bien.

 

Ce ne sont même pas les parents de Jean-Baptiste et Jésus qui ont choisi leurs prénoms, mais bien le Seigneur. Ainsi pour Jean-Baptiste (Luc 1/13) « L'Ange lui dit : Zacharie, ne crains point ; car ta prière est exaucée, et Élisabeth ta femme enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean ». Et de même pour Jésus (Luc 1/30-31) « Et l'Ange lui dit : Marie, ne crains point ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu concevras en ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom JÉSUS ». Ce ne sont pas les théologiens de la Réformation qui ont inventé la doctrine de la Prédestination, car c'est une pratique divine constante, depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse. Il faut au contraire beaucoup d'orgueil pour croire qu'on peut influencer Dieu et changer Sa souveraine volonté. Voyez la réponse de Marie (Luc 1/36-38) « Et voici, Elizabeth, ta cousine, a aussi conçu un fils en sa vieillesse ; et c'est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui était appelée stérile. Car rien ne sera impossible à Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole ! Et l'Ange se retira d'avec elle ». La sainteté des Chrétiens, ce n'est pas de singer la perfection en prenant la place de Dieu, mais de se soumettre à la volonté du Seigneur.

 

Croyez-vous que Jean-Baptiste ait choisi de vivre au désert, dans un dénuement complet ? (Matthieu 3/1,4) : « Or, en ce temps-là vint Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de la Judée … Or Jean avait son vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins, et son manger était des sauterelles et du miel sauvage ». Un tel dénuement n'est pas une ambition naturelle. Croyez-vous que Jésus ait choisi de s'incarner dans une étable et de mourir sur une infâme croix, dans des douleurs atroces ? (Jean 5/30) Jésus dit : « Je ne puis rien faire de moi-même : je juge conformément à ce que j'entends, et mon jugement est juste ; car je ne cherche point ma volonté, mais la volonté du Père qui m'a envoyé ». Si Jésus-Christ ne peut rien faire de Lui-même, qu'en est-il pour nous, misérables pécheurs ? Vous devinez la réponse…

 

Jean-Baptiste et Jésus sont cousins par les femmes ; à Marie, l'Ange Gabriel déclare (Luc 1/36) : « Et voici, Elizabeth, ta cousine, a aussi conçu un fils en sa vieillesse ; et c'est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui était appelée stérile ». Jean-Baptiste et Jésus se connaissent depuis la Visitation, et alors qu'ils étaient tous deux dans le ventre de leurs mères, Jean, déjà formé, a salué son cousin Jésus qui n'était encore qu'un embryon, ce qui dénote la valeur d'un fœtus aux yeux de Dieu (Luc 1/39-44) : « Or en ces jours-là Marie se leva, et s'en alla en hâte au pays des montagnes dans une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Et il arriva qu'aussitôt qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, le petit enfant tressaillit en son ventre, et Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s'écria à haute voix, et dit : Tu es bénie entre les femmes, et béni [est] le fruit de ton ventre. Et d'où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ? Car voici, dès que la voix de ta salutation est parvenue à mes oreilles, le petit enfant a tressailli de joie en mon ventre ». Jésus n'est pas venu dans notre monde pour y apporter la joie mais la Rédemption, et si nous tressaillons de joie à Noël, c'est que comme Élisabeth, nous sommes remplis de l'Esprit-Saint. C'est que nous nous rendons compte, sans bien le saisir, que nous étions des pécheurs perdus, et que nous sommes sauvés par la grâce de Dieu, si nous croyons, « selon qu'il est écrit : or le juste vivra de foi » (Romains 1/17b).

 

Jean-Baptiste et Jésus sont cousins, et nous aussi, nous faisons partie de leur famille, l'Église. Nous sommes des enfants adoptifs du Père, des frères de Christ et donc des cousins de Jean-Baptiste. Noël, c'est aussi cela. Tout commence à Noël : l'incarnation de Dieu en Jésus-Christ, l'enseignement de Christ, Son œuvre de rachat lorsqu'il S'est livré à Satan pour mourir sur la croix, et Sa victoire sur le même Satan, en ressuscitant d'entre les morts (Romains 5/10) : « Car si lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. ».

 

(Jean 1/19-20) : « Et c'est ici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des Sacrificateurs et des Lévites pour l'interroger, [et lui dire] : Toi qui es-tu ? Car il l'avoua, et ne le nia point, il l'avoua, dis-je, [en disant] : Ce n'est pas moi qui suis le Christ ». Imaginez la déception de ces officiels Juifs qui attendaient le Messie avec autant de fébrilité que nos enfants attendent leurs cadeaux de Noël, et que nous en avons à les préparer ! Comme il est dit dans une des histoires de Tintin : "Caramba ! encore raté ". Vous comprenez qu'une telle déception engendre chez eux une colère noire… qui se reportera sur le vrai Messie : notre Seigneur Jésus-Christ - paradoxalement. Encore une fois, ils croient exercer une volonté autonome, alors qu'ils sont téléguidés d'en haut, et participent sans le savoir à l'œuvre du Salut, laquelle nécessite qu'ils fassent mourir Christ ; tel est le rôle que le Père leur a dévolu (Éphésiens 1/3-9) : « Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les [lieux] célestes en Christ. Selon qu'il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en charité. Nous ayant prédestinés pour nous adopter à soi par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté ; à la louange de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables en son Bien-Aimé. En qui nous avons la rédemption par son sang, [savoir] la rémission des offenses, selon les richesses de sa grâce, laquelle il a fait abonder sur nous en toute sagesse et intelligence ; nous ayant donné à connaître selon son bon plaisir, le secret de sa volonté, lequel il avait premièrement arrêté en soi-même ».

 

De la même façon que Jean-Baptiste s'est incliné devant Jésus, étant encore dans le ventre de sa mère Élisabeth, il lui rend hommage (Jean 1/26-27) : « Jean leur répondit, et leur dit : Pour moi, je baptise d'eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez point ; c'est celui qui vient après moi, qui m'est préféré, et duquel je ne suis pas digne de délier la courroie du soulier ». N'allons pas nous imaginer que d'être des frères de Christ nous dispense de L'honorer et de le Louer en Le magnifiant par nos pensées, nos paroles et nos actions… Si Son cousin, Son aîné, s'incline devant Christ, prosternons-nous devant notre Roi !

 

Et voici le récit de leur rencontre au Jourdain, lors du Baptême de Christ (Jean 1/32-34) : « Jean rendit aussi témoignage, en disant : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et s'arrêter sur lui. Et pour moi, je ne le connaissais point ; mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, m'avait dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre, et se fixer sur lui, c'est celui qui baptise du Saint-Esprit. Et je l'ai vu, et j'ai rendu témoignage, que c'est lui qui est le Fils de Dieu ». Jean ne ment pas en disant qu'il ne connaissait pas Christ, car il Le connaissait seulement en tant qu'homme. Après avoir vu le Saint-Esprit descendre sur lui à la manière d'une colombe et entendu le Père, il comprend que son petit cousin Jésus est le Fils du Père, le grand Roi des Cieux (Marc 1/9-11) : « Or il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean au Jourdain. Et en même temps qu'il sortait de l'eau, [Jean] vit les cieux se fendre, et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et il y eut une voix des cieux, [disant] : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection ». Jean-Baptiste n'en avait qu'une intuition. Il en a désormais la preuve.

 

Certes, Christ n'avait pas besoin d'être baptisé, mais en venant au Jourdain, Il y a puisé les péchés de tous les hommes qui s'en sont lavés, pour les porter sur la croix. Nos péchés passés, présents et futurs ont été cloués à la croix avec Jésus-Christ, si nous croyons en Lui en si nous Lui obéissons. Et que nous demande-t-il ? Il veut que nous soyons Ses disciples (Matthieu 28/18-20) : « Et Jésus s'approchant leur parla, en disant : Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; les enseignant de garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis toujours avec vous jusques à la fin du monde. Amen ».

 

Christ veut que nous nous aimions les uns les autres, que nous pardonnions ceux qui nous ont offensés et qui nous le demandent, que nous priions pour nos ennemis, que nous partagions nos biens avec les démunis - ce que nous faisons par nos impôts et nos cotisations sociales - et que nous usions de compassion et de miséricorde, surtout en enseignant les Commandements de Dieu et sa Loi d'Aimer. Dix Commandements, plus le sommaire de la Loi d'Amour… est-ce si compliqué ?

 

Que Noël soit la fête de notre obéissance à Christ, et la manifestation de l'amour mutuel que le Père a mis en nous, par Son Esprit-Saint. Amen.

 

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC France

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