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SERMON pour le deuxième dimanche après l'Épiphanie

Romains 12/6-16 ; Marc 1/1-11

 

L’HUMILITÉ CHRÉTIENNE

 

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

 

Marc 1/6 : « Or Jean était vêtu de poils de chameau, et il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et mangeait des sauterelles et du miel sauvage ».

 

Romains 12/15-16 : « Soyez en joie avec ceux qui sont en joie ; et pleurez avec ceux qui pleurent. Ayant un même sentiment les uns envers les autres, n'affectant point des choses hautes, mais vous accommodant aux choses basses. Ne soyez point sages à votre propre jugement ».

Jean-Baptiste et Jésus ont en commun une simplicité désarmante. Ils ne se laissent pas prendre par les tentations d'orgueil. Ils ne sont pas des m'as-tu-vu. Cependant, ils ne recherchent pas la misère, mais la liberté de ceux qui ne doivent rien à personne. Ils ne dépendent que de Dieu. Ni de la famille, ni de l'État ; mais de Dieu. Ils ne se soucient pas du regard des autres, ou du qu'en-dira-t-on. Ils ne rendent de compte qu'à Dieu seul. Et Dieu les approuve (Marc 1/11) : « Et il y eut une voix des cieux, [disant] : Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection ». Voilà pour Jésus-Christ. Et pour Jean-Baptiste, le témoignage de Dieu est tout aussi clair (Luc 7/26-28) : « Mais qu'êtes-vous [donc] allés voir ? Un Prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un Prophète. C'est de lui qu'il est écrit : Voici, j'envoie mon Messager devant ta face, et il préparera ta voie devant toi. Car je vous dis qu'entre ceux qui sont nés de femme, il n'y a aucun Prophète plus grand que Jean Baptiste… ». Jean-Baptiste n'est grand ni par la taille, ni par le luxe de ses habits. Mais par son obéissance à Dieu, Jean est un géant. Telle est la définition de la sainteté.

 

Il faut en finir avec la mode du misérabilisme et le dolorisme méritoires. Certes, « Il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille, qu'il ne l'est qu'un riche entre dans le Royaume de Dieu » (Marc 10/25), mais ce que Christ vise ici ce n'est pas la richesse en tant que telle, mais le matérialisme qui éloigne de Dieu, et le luxe ostentatoire qui désespère les pauvres. On peut résumer ceci par l'expression bien connue "pas de signe extérieur de richesse", ou à la mode auvergnate : "pas de dépenses inutiles". C'est ce que Paul nous dit en Romains 12/9-11 : « Que la charité [soit] sincère. Ayez en horreur le mal, vous tenant collés au bien. Étant portés par la charité fraternelle à vous aimer mutuellement ; vous prévenant l'un l'autre, par honneur. N'étant point paresseux à vous employer pour autrui ; étant fervents d'esprit ; servant le Seigneur ». Et le même Paul pratique lui-même ce qu'il enseigne (Philippiens 4/11-12) : « Je ne dis pas ceci ayant égard à quelque indigence : car j'ai appris à être content des choses selon que je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l'abondance ; partout et en toutes choses je suis instruit tant à être rassasié, qu'à avoir faim ; tant à être dans l'abondance, que dans la disette ».

 

Paul ne valorise pas l'indigence ; il ne méprise pas l'abondance en tant que telle mais au verset suivant, il déclarer accepter tout ce qui vient de Dieu (v. 13) : « Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie ». Il ne s'agit pas de puissance surnaturelle propre à accomplir des miracles, mais de capacité à tout supporter, aussi bien la disette que l'abondance, même si l'abondance est plus agréable que la disette. Quant à désirer l'abondance et le confort qu'elle procure, c'est un vice damnable, je cite Proverbes 1/19 : « Ainsi arrive-t-il à tout homme avide de gain ; la cupidité cause la perte de ceux qui s'y livrent ». Si l'on en croit la Parole de Dieu, il y en a beaucoup qui se perdent par leur avidité.

 

Romains 12/9-10 : « Que la charité [soit] sincère. Ayez en horreur le mal, vous tenant collés au bien. Étant portés par la charité fraternelle à vous aimer mutuellement ». La charité, l'amour qui se sacrifie pour les frères chrétiens, constitue le témoignage du détachement des biens matériels, et de l'attachement aux biens éternels qui nous attendent dans le royaume des Cieux (Matthieu 6/31-34) : « Ne soyez donc point en souci, disant : Que mangerons-nous ? Ou que boirons-nous ? Ou de quoi serons-nous vêtus ? Vu que les Païens recherchent toutes ces choses ; car votre Père céleste connaît que vous avez besoin de toutes ces choses. Mais cherchez premièrement le Royaume de Dieu, et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain prendra soin de ce qui le regarde ; à chaque jour suffit sa peine ».

 

Paul nous invite à compter d'abord sur Dieu, dans la prière, et à ne pas laisser nos frères chrétiens dans le dénuement, si nous en avons les moyens. Et le même Paul nous invite à nous occuper d'abord de nos propres affaires, ou de notre ministère (Romains 12/6-8) : « Or ayant des dons différents, selon la grâce qui nous est donnée : soit de prophétie, [prophétisons] selon l'analogie de la foi ; soit de ministère, [appliquons-nous] au ministère ; soit que quelqu'un soit appelé à enseigner, qu'il enseigne. Soit que quelqu'un se trouve appelé à exhorter, qu'il exhorte ; soit que quelqu'un distribue, [qu'il le fasse] en simplicité ; soit que quelqu'un préside, [qu'il le fasse] soigneusement ; soit que quelqu'un exerce la miséricorde, [qu'il le fasse] joyeusement ».

 

Vous allez peut-être vous demander : Qu'est-ce que c'est que cette analogie de la foi à laquelle Paul fait référence ? Il s'agit de la conformité à l'Écriture Sainte. Si tous les Chrétiens lisaient la Bible - dans des versions honnêtes comme la Second 21 - ils ne s'en laisseraient pas si facilement conter par des prédicateurs indélicats, peu instruits et avides de votre argent ; de même, les Églises et appellations protestantes ne seraient pas si nombreuses, si leurs membres faisaient comme les Juifs de Bérée en Actes 17/11 : « Or ceux-ci furent plus généreux que les Juifs de Thessalonique, car ils reçurent la parole avec toute promptitude, conférant tous les jours les Écritures, [pour savoir] si les choses étaient telles qu'on leur disait ».

 

Au lieu de cela, on peut constater aujourd'hui qu'il y a autant d'Églises variées que d'erreurs sur la Bible. Chaque Église fait une fixette sur un point particulier, comme pour se démarquer des autres, sans tenir compte du contexte biblique. Et rares sont les Églises où la Parole de Dieu est prêchée pour elle-même, et non pour justifier un préjugé théologique. Si bien que le protestantisme réformé bat de l'aile, car il n'a plus rien à apporter au monde que ce que le monde enseigne, d'une part ; et que d'autre part le protestantisme évangélique se croit divinement inspiré et s'autorise à modifier la Parole de Dieu en l'interprétant. Paul nous avait pourtant prévenus (2 Corinthiens 11/3-4) : « Mais je crains, que comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos pensées aussi ne se corrompent, [en se détournant] de la simplicité qui est en Christ. Car si quelqu'un venait qui vous prêchât un autre Jésus que nous n'avons prêché ; ou si vous receviez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que celui que vous avez reçu, feriez-vous bien de l'endurer ? ». Bien sûr que non !

 

Et qu'est-ce que Paul appelle « la simplicité qui est en Christ » ? C'est la simplicité des petits enfants qui écoutent la Parole comme elle vient et pour ce qu'elle est : la Parole de Dieu. Toute interprétation visant à en tordre le sens est un pur blasphème, une trahison de la volonté de Dieu pour nous. Ceci n'est pas une nouveauté, puisque Satan a tenté Ève en lui donnant une interprétation particulière et bien à lui de la Parole de Dieu en Genèse 3/1-5 : « Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits ; et il dit à la femme : Quoi ! Dieu a dit, vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ? Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin ; mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ; mais Dieu sait qu'au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des Dieux, sachant le bien et le mal ». Voyez comment Satan interprète la Parole de Dieu en lui faisant dire le contraire de que la Bible dit… Satan se fonde sur la logique humaine et la promesse de lendemains qui chantent ; mais l'Apôtre Paul est d'un avis tout différent (1 Corinthiens 1/17-19) : « Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser, non point avec les discours de la sagesse [humaine], afin que la croix de Christ ne soit point anéantie. Car la parole de la croix est une folie à ceux qui périssent ; mais à nous qui obtenons le salut, elle est la vertu de Dieu. Vu qu'il est écrit : J'abolirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des hommes intelligents ».

 

Satan tente les hommes et les femmes en attisant leur orgueil. Il fait tout pour qu'ils préfèrent de se passer de la Croix de Christ. On la remplace par des œuvres méritoires, des cultes païens ou musulman, ou pire encore : certains pasteurs cupides parlent plus d'argent que de la Croix de Christ, comme si on pouvait acheter le don gratuit du Salut, ce qui annulerait la foi en Jésus-Christ et Son œuvre à Golgotha. En hébreu, Golgotha signifie "le lieu du crâne". Et le but de la vie de Christ comme de toute prédication biblique est en effet de planter la Croix de Christ dans le crâne des auditeurs, dans leur esprit, dans leur âme, afin qu'elle y demeure en éternité de vie. Pas de réclamer des subsides. Paul est clair sur ce point (Philippiens 1/15) : « Il est vrai que quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de dispute ; et que les autres le font, au contraire, par une bonne volonté », c'est-à-dire bénévolement.

 

Où avez-vous lu dans la Bible que Jésus ait jamais réclamé de l'argent ? Nulle part, mes amis, absolument nulle part. Pour notre Seigneur et Sauveur, l'argent est tout juste bon à payer l'impôt dû à César (Matthieu 22/21) : « ... Et il leur dit : De qui est cette image, et cette inscription ? Ils lui répondirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César les choses qui sont à César, et à Dieu, celles qui sont à Dieu ». Christ ne touche jamais à l'argent, même pour payer ses taxes (Matthieu 17/27) : « Jette l'hameçon, et prends le premier poisson qui montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu y trouveras un statère ; prends-le, et le leur donne pour moi et pour toi ». Il laisse Judas se salir les mains avec. Les mains, mais aussi le cœur. Et c'est ainsi, par l'argent, que Judas s'est laissé corrompre et a VENDU son Maître, Notre Seigneur Jésus-Christ.

 

C'est tout juste, et du bout des lèvres que Paul accepte les dons spontanés afin de soutenir son ministère itinérant, pas pour s'enrichir comme font certains télévangélistes américains (Philippiens 4/16-17) : « … lorsque j'étais à Thessalonique, vous m'avez envoyé une fois, et même deux fois, ce dont j'avais besoin. Ce n'est pas que je recherche des présents, mais je cherche le fruit qui abonde pour votre compte ». Mais Paul préférait porter ces dons aux pauvres Saints de Jérusalem (Romains 15/25-26) : « Mais pour le présent je m'en vais à Jérusalem pour assister les Saints. Car il a semblé bon aux Macédoniens et aux Achaïens de faire une contribution pour les pauvres d'entre les Saints qui sont à Jérusalem ».

 

Les Apôtres ne prêchaient pas le dimanche seulement, mais chaque jour. (Actes 2/47) : « Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Église des gens pour être sauvés ». (Romains 10/17) : Or, « la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ ». Si tous les jours, des Juifs de Jérusalem se convertissaient à la foi en Jésus-Christ, c'est que les Apôtres prêchaient l'Évangile tous les jours. À Genève, Calvin délivrait 2 ou trois sermons par jour !... Nous en sommes loin ! À côté de ces grands prédicateurs, nos pasteurs professionnels font figure d'amateurs !

 

Mes amis, restons humbles. N'ambitionnons pas de paraître, ni de faire l'important. Ne recherchons pas les honneurs publics. Contentons-nous de ce que Dieu nous donne, et n'oublions pas les frères dans le besoin. Telle est l'essence de la vie chrétienne. L'Épître de Jacques est sévère contre les mauvais riches qui manquent de générosité (Jacques 5/2) : « Vos richesses sont pourries ; vos vêtements sont rongés par les vers ». Bien mal acquis ou égoïstement retenu pour s'en faire une gloire, ne profite jamais.

 

Tr. Révd Yves Méra, évêque AOC France.

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